Le Mois Artistique ŒUVRES DE G.-A. MossA (Galeries Georges Petit, S, rue de — M. G.-A. Mossa est un des très rares artistes d’aujourd’hui qui comprennent les légendes et sachent interpréter les symboles. Mais il le fait avec une ingéniosité extraordinaire, une abondance d’imagination dont je ne vois nulle part, autour de lui, l’équivalent. Ses paysages à l’aquarelle sont justes et délicats, mais enfin dans ce genre il rencontre beaucoup d’émules, tandis que dans ses compositions mythologiques et légen-daires, il est strictement incomparable. Ce sont, dans des paysages ou des décors appropriés, des personnages étranges, dessinés avec une précision et une minutie surprenantes, sans que cependant leur psychologie, leur caractère essentiel soit altéré, au contraire. Il y a encombrement d’accessoires et de détails; mais chacun d’eux concourt à l’impres-sion dont la tête du héros est le centre. Certaines de ces compositions, comme Madone, Taquin l’Impudique, Asmodée, sont des chefs-d’œuvre. Mais Il Santo surtout me parut une figure inoubliable d’ascète, vue par un poète lyrique et un psycho-logue. Candide, magnifique et misérable, il s’avance, tenant le livre, la lampe, l’écritoire, des gants vio-lets. Il porte sur sa poitrine, connue un objet pré-cieux, son coeur blatte et chemine sur l’étroite corniche d’une étrange montagne, taillée dans la blancheur d’un roc éblouissant où persistent de rares et attendrissantes touffes de fleurs. Il est hallu-cine, extatique, introublable. Et c’est une chose d’une suggestion infinie. On retrouve au Salon des Humoristes quelques œuvres de M. Mossa la fantaisie du satiriste ajou-tée à ses dons habituels donne des résultats véri-tablement étonnants (par exemple dans Sa/ou/é et dans Tapes à la mode de Kant). PEINTURES ET AQUARELLES PAR P. FRANC-LAMY LES CITÉS, LES JARDINS, LES FLEURS (Galeries Arthur Tool’, and Sons, 41, boulevard des Capucines). —M. Franc-Lamy aime les fleurs, et il les aime tel-lestent que, dans sa manière d’interpréter les jar-dins et mente les villes, il me semble retrouver je ne sais quoi d’arrangé, de disposé en forme de bouquet. l’our les jardins cela se comprend, mais pour les villes cela paraît plus singulier. C’est vrai pourtant, surtout lorsque, les contemplant en pers-pective plongeante, il les domine tout entières et nous les présente ainsi multicolores et minutieuses, et enfermées entre le vert de leurs ceintures de forets et de plaines comme des fleurs dans leur cornet de feuilles. Cette impression est due aussi au chatoiement et à la diaprure de ses compositions. Et elle offre quelque chose d’heureux et de doux analogue au plaisir avec lequel sans doute l’artiste contemple la nature. TABLEAUX DE MISS MARI » CAMERON (Galerie des Artistes modernes, 19, rue Caumartin). — Après tant de peintres qui ont choisi l’Espagne pour thème de leur inspiration, Miss Mary Cameron trouve encore moyen de nous intéresser; sans doute à cause de sa sincérité, que l’on sent absolue et qui même lorsqu’elle traite un sujet bien connu, vous donne l’impression qu’il est nouveau. C’est du moins celle que j’ai éprouvée, et elle est pour moi le signe d’un tempérament véritable d’artiste. Miss Mary Cameron compose avec simplicité mais avec ampleur et travaille très largement. Et par le pitto-resque poussé jusqu’à son extrême, les types qu’elle étudie atteignent la psychologie, tout au moins cette psychologie générale de la race espagnole, si intense qu’elle en parait toujours individuelle. ŒUVRES DE FEU XVOULOT (GalerieA.-A.Hébrard, S, raie Rouler. — Cet artiste, profondément et sincèrement religieux, n’expose ici, sauf une ou deux exceptions, que des œuvres de grâce riante. Mais — à savoir qu’il est capable de tant de gravité et de tendresse humaine — on comprend mieux ces visions décoratives et joyeuses. Elles ont 1So