JULES DESBOIS premier coup, une « femme » de Desbois; même si, à peine en relief, elle se modèle au fond d’un plat d’étain ou d’argent. Même dans son fameux groupe intitulé La Mort d BliebTon, cette vérité se manifeste. Voyez-le attentivement ; vous n’y trouverez nulle sécheresse. Mème reflexion à propos de sa célèbre statue en bois La Misère. C’est que Desbois aime la matière: marbre, bois, pierre, métal, et qu’il veut en sacrifier le moins possible. J’imagine ainsi — mais c’est une pure invention de ma part ! — qu’il lui en coûta d’enlever de larges mor-ceaux de bois des deux poutres du xvi.’ siècle, provenant de la démo-lition de la bibliothèque de la vieille Sorbonne, et dans lesquelles il sculpta, après qu’on les eût préalablement col-lées l’une contre l’autre, cette extraordinaire Alistjrc qui est l’orgueil du musée de Nancy. Pendant longtemps, Desbois rechercha ainsi, toujours pour le même autour des for-mes pleines, l’étain qui est un métal gras. Qui sait les objets qu’il exécuta alors plats, bustes, pots à tabac, pichets, etc.? Mérite on connut longtemps Des-bois par ses étains. C’est qu’il n’échappait point alors lui aussi à cette manie de la spécialisa-tion, qui rend tant de services — il faut bien l’avouer ! -• aux cer-veaux paresseux et aux mémoires courtes. — Pourtant, je préfère le marbre à tout autre matière, me disait un jour Desbois, comme je lui vantais ses étains. C’est possible !… maintenant ; mais cependant Desbois fera plutôt photographier pour la repro-duction un plâtre qu’un marbre; bien qu’après la mise au point, il termine toujours, lui, ses marbres, que tant de sculpteurs – et méme notoires —abandonnent entièrement aux praticiens. Ce qui m’émerveille encore — et je demande ici que l’on veuille bien me pardonner de noter sans ordre les multiples sensations de bonheur que j’ai ressenties au cours de mes visites chez Desbois! ce qui m’émerveille encore, dis-je, c’est la facilité avec laquelle ce grand statuaire passe d’un sujet à un autre, et quelles qu’en soient leurs dimensions respectives. J’ai tenu dans mes doigts ses bijoux, par exemple. Je les ai longuement considérés, analysés, scrutés. Eh bien ! les toutes petites figurines qui devaient être encloses dans le métal — je regardais les modèles en plâtre —avaient une expression de vie étonnante, une grâce infinie et la fantaisie la plias inattendue. C’était excessif et troublant. Un miracle! Je comprends mieux la virtuosité dans les oeuvres de moyenne grandeur, chez Desbois, j’entends ; mais aussi est-ce que par hasard je ne serais pas influencé par son aspect de vigne-ron, par ses allures de paysan angevin qui ma-nie plus facilement la pioche que le fin ébau-choir? et, ma foi, en méditant sur ce point, je suis bien forcé de convenir qu’en effet l’homme ici lue déroute. Et, pourtant, est-ce que je ne sais pas que, par ailleurs, tant de doigts agiles, menus et déli-cats, sont d’une mala-dresse insigne ? .*. 1,1 Palais. LM tous cas, une vir-tuosité indiscutable existe dans l’oeuvre de Desbois, en même temps qu’une diversité surpre-nante. Nous en faisons juges nos lecteurs par les œuvres ici reproduites, et qui ont été prises au hasard, croyez-le, dans un ensemble. Si, enchantés par ces beaux clichés photogra-phiques, vous vous cabrez devant les débuts de ce statuaire (débuts racontés pour la première fois et quelque peu déconcertants), ne vous en étonnez pas toutefois outre mesure. Les premiers « profes-seurs », ne pouvaient guère orienter é élève » qui devait devenir, plus tard, un si incontestable rba. estoc A L’Aile (mAiums) t67