L’ART ET LES ARTISTES Rembrandt, des Albert Dürer et autres grands maures… — Et ? — Et ce fut la faillite !… Alors, je me retrouvai désespéré et bien forcé de revenir à la sculpture. Mon parti, toutefois, fut vite pris comme aupa-ravant, je travaillerais chez les autres. Mais je n’étais guère en train les difficultés de vivre ne vous poussent guère certainement. J’étais même bien ennuyé, quand un jour j’eus, moi aussi, la visite de e l’oiseau bleu »… Oui, un jour, voilà que je reçois une lettre d’un M’ G…, qui me priait de l’aller voir. J’arrive, et ce monsieur me dit à brûle-pourpoint t■ Voudriez-vous faire une statue pour votre propre comp-te?» Moi, j’en tombe de mon haut. Pensez ! C’é-tait mon rêve depuis bien des années, mais jusqu’à ce moment les gros frais qu’une pa-reille chose nécessite m’a-vaient tou-jours empê-ché de le réaliser. Je ne sais pas comment je trouve la force de répondre . e Oh! cer-tes! » — a Eh bien, me dit mon interlo-cuteur, combien vous faudrait-il pour faire cette statue ? » Surpris de plus en plus, ne sachant d’où me venait cette intervention quasi divine, je réfléchis un moment, et croyant que j’allais demander une somme énorme, je dis Trois titille francs, Monsieur ! ». Mais voilà, je m’épou-vante tout de suite, et j’ajoute : e C’est si coûteux! Songez ! Il faut toute une année de travail, louer un atelier, prendre modèle, vivre pendant ce temps-là, etc., etc. ! » — e Eh bien, c’est parfait ! Vous aurez les trois titille francs! » me répond M’ G… J’étais assis en face de lui, devant une table. Je le vois encore nie donner trois billets de mille francs pris dans un portefeuille qui en contenait bien d’autres. — e Maintenant, signez ce reçu, ajoute-t-il. » Affolé (je n’avais jamais vu tant d’argent à la fois dans mes mains), je prends le reçu qu’il me tend et je lis que je dois cette libéralité à M. Alphonse de R… — a C’est M. Rodin qui vous a recommandé à lui, me dit M’ G… » — J’étais comme stupide, je bénissais le nom de Rodin !… Enfin je signe le reçu, empoche les trois billets qui allaient me libérer, et je reste si interdit que je m’enfuis sans adresser un seul retnerci-ment… C’est seulement dans l’escalier que je me rends compte de mon impolitesse. Alors, re-venu quatre à quatre, je commence à bre-douiller des excuses, mettant mon trouble sur le compte de mon bon-heur, quand M’ G… se met à rire et il me dit t e Vous avez bien fait, net foi, de re-venir, j’étais en train de penser que trois mille francs c’est bien court pour faire une statue, et j’al-« se lais vous écrire pour vous offrir un autre billet de mille francs. Tenez, je déchire votre premier reçu et signez-moi celui-ci tic quatre mille! » et il me tendait un quatrième billet! Quel coup ! Et ce n’était pas fini. Quinze jours plus tard, M’ G… me rappelait pour me commander, cette fois, au nom de la baronne N. de R… une terre cuite originale… et cela pour un cinquième billet de mille francs!… J’étais sauvé, hein?… et de quelle façon !… La statue en question fut exposée au Salon et elle y obtint la première et unique médaille de cette année-là… — Bonne réponse à la générosité de M. Alphonse de R…, dis-je. Et cette statue s’appelle ? — Acis changé en source. Le modèle en plâtre est exposé actuellement au bas de l’escalier du Minis-SIRÈ:NE PLAT I MODÈLE PL:MÈRE) 564