autre camarade, pour venir tra-vailler à Paris. Desbois a-t-il passé par l’école des Beaux-Arts de la rue Bona-parte? C’est le moment de lui poser cette question. — Oui, j’ai fait partie pendant trois ans de l’atelier Cavelier, nous répond-il. C’est une période qui ne m’enchanta point. En somme, je ne fus pas du tout ce que l’on appelle un bon élève. J’avais tou-jours envie de faire autre chose que ce que réclamait mon maitre. Aussi, au bout de ces trois ans, nie voilà émancipé; je quitte l’école et je me place dans différents ate-liers. Dame ! la pension supprimée, il fallait bien vivre. Chez l’un, chez l’autre, Dieu seul sait quelles besognes j’accomplis alors, sans gaîté ! Et, un beau matin, ayant réuni le pécule nécessaire, je me décidai à partir pour l’Amérique. — C’est plutôt inattendu. — Voilà, j’avais pris cette réso-lution à force d’entendre parler des situations qu’on disait trouver toutes prèles là-bas. Mais je devais bien vite déchanter. Néan-moins, j’y suis resté deux années. — A parcourir tous les Etats-Unis ? Non, j’ai passé les deux années à New-York. J’étais entré chez un pontife de là-bas, un sculpteur nommé Wird, corres-pondant tout à fait à notre feu Guillaume, quelque chose enfin comme un très important membre de l’Institut. — Et à quels travaux avez-vous pris part, chez ce sculpteur officiel ? Pendant notre entretien, le gros poéle ronfle et rougit à blanc. Dans un fauteuil, le modèle, une jeune fille nue, somnole. — J’ai travaillé, me répond Des-bois, À une statue de Washington et à des bas-reliefs pour le Post-Office. JULES DESBOIS LA MIShil, Muser de .Nneery. .910) — Puis vous êtes revenu à Paris ? phanie, je lâchai la sculpture, entrai dans cette — Oui, et un peu découragé, je l’avoue. Aussi, affaire, et, pendant trois ans, je m’en occupai ayant entendu parler d’un Américain qui avait sérieusement, donnant le reste de mon temps ‘à lancé au Petit Moniteur une application de la litho- une entreprise d’héliogravure qui reproduisait des 163