L’ART ET LES ARTISTES te ,ior r I très curieux et bien décidé à ne repartir que lors-que j’aurai confessé tout entier l’artiste. Alors, je le presse, et il se laisse faire, s’embrouillant quel-quefois un peu dans sort récit. S’il « se raconte à c’est uniquement, je le vois bien, pour me faire plaisir. Je lui pose des questions hachées, et il use répond avec une voix paisible d’homme méditatif — Je suis né à Parcay, le 20 décembre 1851. C’est un petit pays du département de Maine-et-Loire. Mes premières années, je les ai vécues à travers champs en compagnie des garçons du pays. Mon père tenait là-bas une auberge. Les rouliers s’y arrêtaient et en repartaient. A les voir aller ainsi, ça use donna à moi aussi le goût de quitter le pays, si bien qu’un beau jour, un oncle très dévot et qui habitait Tours, me fit, sur mes instances, venir auprès de lui. Mais il fallait que je fisse quelque chose; alors, de son idée, il me plaça chez un abbé qu’il connaissait et qui s’occupait d’architecture et de sculpture. — C’est amusant ! dis-je. De sorte que cet abbé fut votre premier maitre? — Oui. C’était une sorte de prêtre libre, et il r: itr avait un atelier qui abritait une trentaine Tou-vriers. Il s’appelait l’abbé Brisacier. Il a fait beau-coup de travaux là-bas. Il était rusé et actif, un vrai manieur d’entreprises. — Et vous y avez, mon cher maitre, bien em-ployé votre temps ? — Ma foi, non ! — et Desbois nous dit cela, le plus naturellement du monde. Je fis même, ajoute-t-il, une très mauvaise impression sur ce brave homme. Toute sa sculpture ne me disait rien du tout. J’ai compris depuis qu’elle ne sortait guère de l’ordinaire production des bondieuseries. — Et vous êtes resté longtemps chez cet abbé? — Un an environ ; puis il nie renvoya à mon oncle en l’assurant que je ne ferais jamais rien. Alors, je vins à Angers, et j’entrais chez un autre entrepreneur de sculpture religieuse, un nommé Bourichet, qui ressemblait, point pour point cousisse artiste à l’abbé Brisacier. Mais, avec celui-là, j’eus tout de même une autre ressource. Je suivis en effet les cours de l’Ecole des Beaux-Arts; et là, assez vite, — cela se passait vers 1872, je crois — j’obtins une bourse, partagée arec un 162