L’ART ET LES ARTISTES SALVATOR ROSA — MARINE lui doit tout, c’est l’école bolonaise des éclec-tiques. Il est le Francia de cette seconde lignée de Bolonais, il est pour elle ce que Pérugin fut pour le Sanzio. Les troisCarrache, Annibal(‘ 56o- 1609), son frère Augustin (1557-1602), leur oncle Louis ( r 555- 1619), Guido Reni, dit le Guide (r574-1642), Bar-bier), dit le Guerchin (159n-1666), Zain pieri, dit le Dominiquin (1581-1641), l’Albane (1578-1660), furent les maîtres de ce groupe bolonais. Ce sont des gens de métier, très adroits, très renseignés, très ingénieux, très souples, sachant tout ce qu’on peut savoir, réunissant toutes les conditions du talent : il ne leur manque que l’essentiel, l’inspi-ration. Dans toute la foule de leurs oeuvres irrépro-chables, plaisantes, pompeuses ou aimables, il n’en est pas une qui émeuve au degré d’un seul petit retable de Primitif maladroit. Le règne des habiles peintres de carrière, exécutant avec goût et savoir les commandes qu’on leur confie et fournissant à volonté tous sujets, est inauguré décidément. La galerie du Palais Farnèse d’Annibal Carrache, c’est de l’art pour les princes romains, et notre Le Brun y trouvera tout fait son décor de Versailles pour l’adulation du Roi-Soleil c’est Raphaël amolli et Corrège poussé jusqu’à la galanterie. L’Aurore du Guide, au palais Rospigliosi, c’est cette perfection froide qui séduira nos académiques, de Girodet à Bouguereau, et les Madones du mème maitre donneront des modèles à l’imagerie pieuse des tristes églises actuelles. Les fresques du Domini-quin à San Andrea del Valle, à Saint-Louis des Français, c’est l’élégante intitulions de Raphaël, allant jusqu’à la copie directe; la Communion de Saint-Jérôme de la Pinacothèque du Vatican, c’est une oeuvre surfaite, encore que plus sinople, plus forte à cause de sa sobriété. Joindre à ces peintres Andrea Sacchi, élève de l’Albane, son élève Carlo Maratta, le redondant Pierre de Cortone (1596-x669), c’est nommer encore de pâles et inutiles improvisateurs : du moins y a-t-il de la vigueur chez Fcderigo Baroccio, dit le Baroche, d’Urbin (1528-1612) dont un fier portrait d’homme cuirassé atteste les qualités aux Uffizi ; et ses furieuses batailles ont assuré un renom mérité art fougueux coloriste napolitain Salvator Rosa (1615-1673). L’école de Naples s’est tue depuis long-temps. Elle présente une dernière manifestation avec Rosa, avec Francesco Solimène, avec Luca Giordano (1631-1705), avec Lanfranco (158 – t675) et enfin c’est elle qui donne naissance au sculpteur déclamatoire mais parfois puissant, à l’architecte ingénieux, au grand travailleur bril-lant qui transformera Rome tout entière et lui donnera l’aspect qu’elle garde encore, le cavalier Bernin (159S-168o). Dénombrer ces habiles est impossible et serait fastidieux. Leur agitation cache mal la mort artis-tique de Rome, que tous les artistes du monde viennent visiter, mais où les forts, les originaux, 158