LA PEINTURE ITALIENNE les sculpteurs qui furent troublés par Michel-Ange et, sensibles seulement à ses formes outrées, n’en firent que de la boursouflure illogique. La mort de Raphaél, le pillage de Roule en 1537 par le connétable de Bourbon, dispersèrent ces artistes : ce fut le signal d’une décadence vertigi-neuse, la dislocation d’un empire d’Alexandre. Ln nouvel esprit envahit Rome; c’en fast fini de l’hu-manisme; l’Inquisition et la Compagnie de Jésus, se stressant contre la Réforme, écartèrent pour jamais la tendre fantaisie des Quattrocentistes, la grandeur michelangesque et la poésie exquise de Raphaël. L’imitation désordonnée régna : à un architecte comme Vignole, créant le style baroque et le Genil. dont le type corrompra l’architecture pour cent ans, correspondent des peintres comme Zuccari (1560-1609) ou Cesari, dit le cavalier d’Arpino (1566-1640). Le désordre est partout. Jules Romain se met au service du duc de Man-toue, et travaille en France, avec Primatice (1490-1570): ils y contribuent à fonder la triste école de Fontainebleau et à compromettre la belle évolu-tion française, jusqu’au moment où Rubens, par son oeuvre et son exemple, réagira et sauvera l’art français d’une totale décomposition par l’italianisme dégénéré. Des peintres travaillent isolément, connue le Véronais Morone (1474-1529), les Bresciens Moroni (1520-1577) et Moretto (r49S-15 35). Ceux-là sont de robustes artistes indemnes de la débâcle romaine. La Rome de Sixte-Quint, toute à l’architecture, se contente de peintres comme Pomarancio et Roncalli. Il fatal pardonner sa mauvaise peinture à Giorgio Vasari, d’Arezzo (1512-1574), à cause de son Histoire des Peintres qui, malgré bien des erreurs et des jugements fâcheux, reste un document de premier ordre pour la critique d’art moderne. Cette confusions dure environ jusqu’en 1600, où la Rorne papale a refait son aristocratie et sa richesse et les célèbre, sous Clément VIII, par sus jubilé solennel dont le bècber ale Giordano Bruno est le plus significatif ornement. Alors se reconstitue un mouvement d’art, divisé en deux courants, celui des naturalistes et celui ales éclectiques. Mais nous ne sommes plus au temps ale Jules II, et il n’y a plus ni foi ni génie capables de ressusciter sin Michel-Ange ou ans Raphaël, et Rome continue à ne produire aucun artiste. C’est uns Lombard que les réalistes pren-nent pour maitre; des deux Caravaggio, Polidore de Caravage a été un disciple de Raphaél ([495-15+3), mais Amerighi ale Caravage, qui lui a suc-cédé 0569-16091 a réagi avec violence contre la fausse noblesse affadie des imitateurs du Sanzio et la fausse puissance des pasticheurs de Michel-POt. 211,, 11,de CARLO MARATTA — LA NUIT saiNnfin Ange. C’est un réaliste effréné, vulgaire, insou-cieux de toute stylisation, prenant ses modèles dans le bas peuple; mais c’est un superbe faiseur de morceaux et un maitre du clair-obscur, uns tragique brutal et puissant (Descente de Croix, à la pinaco-thèque du Vatican, fresques à Saint-Louis-des-Français, portrait superbe au Louvre). En face de ce bel ouvrier, qui fait penser au rôle joué récem-ment par Courbet, l’école éclectique, qui s’est formée à Bologne après un très long silence, arrive à Rome et s’installe. Elle a pour programme le pastiche de toutes les écoles anciennes et elle tente de tout concilier, pro-cédés et idéaux, en se servant même des trouvailles faites dans le clair-obscur par uns artiste qui a été aussi isolé que Luini et n’en fut pas moins un des plus beaux coloristes de l’Italie, Antonio Allegri, dit le Corrège (1494-15 34). Le fresquiste de Parme (Dôme, Saint-Jean l’Evangéliste, couvent de San Paolo), le splendide harmoniste de cette Antiope du Louvre qui rivalise avec Titien, l’auteur de tant de toiles d’ans charme infini et d’une délicatesse émouvante, ne peut ètre compris dans aucune école. Il en a lui-même formé urne, dont l’élève le plus connu a été Mazzola, dit le Parmesans (t 503-1540). Mais sa véritable école, celle qui 157