L’ART ET LES ARTISTES en t520 le Génie victorieux (musée de Florence). Il écrivit aussi quelques admirables poèmes. Et enfin, il acheva sa vie extraordinaire en des travaux d’architecture, église de Sainte-Marie-des-Anges, dessins pour l’église de Saint-Jean-des-Florentins et la Porta Pin, achèvement du palais Farnèse, et surtout coupole de Saint-Pierre de Rome, conçue comme celle du dôme de Florence. Le 18 février 564 il mourait, et sa tombe s’ouvrait à Santa Croce de Florence auprès île celle de son émule, le Dante. Juger un tel homme en quelques lignes serait aussi inutile qu’inconvenant. La grandeur et la souffrance furent toute son âme : il ne fut pas, comme Léonard, un savant et un observateur, un artiste de vaste com-préhension humaine. Il ne vit et ne sut que sa pensée, avec un subjectivisme absolu. Il ignora le sens de la beauté de Ra-phaël,qu’il sur-passa tellement par la concen-tration de sa science et la fer-veur de son âme. Il ne se compare à rien ni à personne, c’est presque un élément, l’homme de la force et de la dé-sespérance, un prophète de la Bible apparu dans les temps modernes, un créa-teur titanesque, et réelle-ment, dans la monstrueuse puissance de son âme dé-crée, ce que les anciens appelaient u un pro-dige”; presque aussi étranger à l’évolution de l’art italien que le Tintoret à celle de Venise, tandis que Léonard et Raphaél sont autant des aboutissements suprêmes que des annonciateurs d’avenir, il est seul, orgueilleuseutent et désespé-rément seul en Italie et dans le monde. point que, deux cents ans plus tard, Boucher, voyant Fragonard partir pour Ruine lui disait cette parole qui résume tout le salubre esprit d’indépen-dance antiromaine de notre école du xvur siècle ê Si tu prends tous ces gens-là au sérieux, tu es perdit n. Et Boucher ne parlait ni des Primitifs, ni de Léonard, du Sanzio ou de Michel-Ange, niais de leurs continuateurs. Cependant, dans l’entou-rage immédiat des deux maîtres qui avaient fait île la Rome de Jules II, de Léon X et de Paul III le centre intellectuel et esthétique de l’univers, des hommes de haute valeur brillèrent. Le Vénitien Jean d’Udine (1437-1564), élève de Giorgione, était venu se joindre à Raphaél, et il fut son collaborateur préféré avec Giulio Pippi, dit Romano (1492-1 546r que nous ap-pelons Jules Romain. Il faut y joindre Francesco Penni (t488-1528), Perino del Vaga 0499-1547); Baldassare Pe-ruzzi (148,- 1 537), Alliioi, de Pérouse (483-,536); ceux-là ont été de savants et beaux artistes, et dans beau-coup d’ouvrages donnés à Raphaël et dont il ne fut que l’inspirateur, c’est leur science que nous admi-rons. Le Lombard Antonio Bazzi, qui laissa de belles œuvres à Sienne tout en se fixant à Rome 0477, 549), nous est connu sous le surnom du Sodoma disciple de Léonard, rival de Raphaél, il s’égala à lui dans les admirables scènes de l’Histoire d’Alexandre à la Farnésine. Il fut un peintre raffiné de la beauté juvénile, un grand décorateur, auquel n’a manqué peut-étre que la variété des expressions pour compter parmi les premiers maîtres de l’Italie. Le graveur Marc-Antoine Raimond; (t 488 – 5 2 7 ) commenta Raphaél et Jules Romain avec une perfection technique incomparable. Il v eut là un groupe superbe. Autour de Michel-Ange au contraire, personne n’importe : Venusti, Daniel de Volterra (1 509-1 5 66), sont quelconques. Ce furent surtout Pbol. L’ALBANE — r. La DECADENCE DE L’ART ROMAIN ê Ma science fera des ignorants » disait le hau-tain et misanthropique vieillard, en achevant son Jugement dernier. Et en effet, elle en fit à un tel TERRE (ALLÉcoà1à) 56