Des deux dernières chambres, Raphaël ne put peindre qu’aire partie; l’Incendie da Bourg, dans l’une, lui est dû presque entière-ment; la Salle de Constantin a été terminée sur ses dessins par Jules Romain. Léon X lui com-manda tant de choses simulta-nément qu’il ne lui en laissa ache-ver aucune. Raphaël devint le dictateur d’art de Rome. Il lui fallut s’en remettre à ses élèves, qui lui composaient une cour véritable, du soin d’exécuter ses esquisses. C’est ainsi que furent peints les cinquante-deux sujets des Loges du Vatican, traitant de la Création à la construction du Temple de Salomon : on les a appelés la Bible de Raphaël, qui fit aussi de merveilleux cartons de tapisseries sur les Arles des Apéros, pour la Sixtine, pein-tures de genre et d’histoire d’une admirable sincérité vivante (au-jourd’hui les cartons sont au South Kensington et les tapis-series au Vatican). Des fresques retraçant l’Histoire de Vénus el Cupidon ornèrent la salle de bains du cardinal Bibbiena. Pour le banquier Chigi, Siennois, Ra-phaël orna la villa, appelée au-jourd’hui palais de la Farnésine, du Triomphe de Gala!,;’ et de l’Histoire de Panda’, et Chigi lui demanda aussi, pour sa chapelle à Santa Maria ciel Populo, les mosaïques des Planètes (1516). Il faut ajouter une fresque â la villa de la Magliana, Hien bénis-sant le Monde, la Vierge é la Chaise (Pitti), la Madone de saint Sixte (Dresde), Sainte CA-ihr (Bologne), Sainte Marguerite (Louvre), Balthasar Castiglione (Louvre), Jeanne d’Aragon (Louvre), Léon X (Pitti), et enfin la vaste Transfignra-lion de la pinacothèque du Vatican, où l’in-fluence de Michel-Ange reparaît. Et en même temps Raphaél faisait des rideaux de théâtre, des dessins de meubles et d’orfèvrerie, des architec-tures de villas, des travaux d’architecture à Saint-Pierre; il commandait à une petite arillée d’artistes avec un étonnant génie d’organisateur, il dirigeait les recherches d’archéologie à Rome, et il menait la vie de cour, étant jeune, très beau, d’une affabi-LA PEINTURE ITALIENNE A Henni . LE CORR Par : EGE — MADONE, DITE DE SAINT GÉRÔME lité souveraine, et traité en cardinal et en prince. Le 6 avril 1520, il mourait à trente-sept ans, le jour de son anniversaire, épuisé par la tâche immense que Léon X avait exigée de son souple génie. Que dire d’une destinée si prestigieuse, si sou-vent comparée à celle du Raphaël musical, Mozart? Dans aucun de ses travaux, l’extréme intelligence d’un esprit entre tous orné n’a abdiqué l’ingénue spontanéité d’une âme noble et touchante, amou-reuse de la beauté. Il n’y a eu que bonheur dans cette vie d’épanouissement intellectuel ne cher-chons pas chez ce jeune homme radieux la pro-fonde méditation de Léonard, mystérieux désabusé, tii