L’ART ET LES ARTISTES PARMI:SA – N chambre était celle de la Signature, où le pape rendait la justice. Là Raphaël, par un épanouis-sement soudain et radieux de son génie de peintre et de son intellectualité jusqu’alors réticente, créa un ensemble harmonieux et grandiose où s’atteste la force, la lucidité et la subtilité d’un esprit ouvert à toute l’idéologie de la Renaissance. Il plaça l’apothéose du christianisme, qu’on appelle à tort la Dispute du Saint Sacrement, entre le Par-nasse, unissant Homère, Dante, Virgile, Pétrarque, autour d’Apollon et des Muses, et Picole d’Athènes, réunion vaste des savants et des philosophes de l’antiquité. Dans le reste de la salle, quatre com-positions en camaïeu correspondent à quatre glan-des figures allégoriques : à la Justice, le Jugement de Salomon; à la Théologie, Adam A 6v,, dont le péché, origine de la rédemption, est la base du dogme; à la Poésie, Apollon et Mamers, l’art vain-queur de la matière; à la Philosophie enfin, l’Astro-nomie, la science céleste. Enfin, la Force, la Pru-dence, la Tempérance, Justinien recevant les Institutes et Grégoire IX donnant les Décrétales. Cette chant bre de la Signature est d’un poète, d’un peintre, d’un philosophe, d’un architecte et d’un savant elle est le fait d’un esprit qui rassemble toutes les con-naissances, et résume tout l’art et toute l’idéologie 152 de l’Italie. Et en même temps, dans le mémo palais, un visionnaire, enfermé avec sa Bible et son maçon, oublie le monde entier, ne regarde qu’en soi, sourd et aveugle à tout ce qui n’est point son rêve farouche Michel-Ange achève la Sixtine un an après que le divin jeune homme a terminé la chambre de la Signature, temple de la sagesse heureuse. La seconde chambre, commencée en 1511, comprend Héliodore chassé du Temple, le Miracle de Bolsena, la Rencontre de utint Léon es d’Attila, la Délivrance de saint Pierre, et plusieurs sujets et cariatides ces scènes mouvementées se ressentent de Michel-Ange, et leur coloris est d’une ardeur presque vénitienne. Ce sont des chefs-d’oeuvre de vie comme celles de la première chambre sont des chefs-d’œuvre de pensée synthétique. En mérite temps l’artiste, incroyablement fécond, peignait une foule de tableaux (Vierge au Diadème bleu du Louvre, Madone Aldobrandini à la National Gal-lery, Vierge de !Mlle° au Vatican, Vierge au Poisson à Madrid) et des portraits d’un faire magnifique-ment puissant (////es II, Alloviti au palais Pitti, Fornarina au palais Barberini à Rousse). La mort de Jules II, Payénement de Léon X, donnèrent plus d’essor encore à cette carrière vertigineuse. 11, Loo,.,. A. CARRACHE — L., VIERCE AUX CERISES