L’ART ET LIS ARTISTES portraits de famille comme x du premier comte d’Albe, par un primitif allemand duceu grand duc d’Albe, par le Titien et Key, de la duchesse Cayetana de Silva. par Goya: de la duchesse de Berwick et Véragua, par Nattier, de [Impératrice Eugenic, par Winterhalter, et parmi les autres œuvres, la fameuse Vierge de Grenade. de Fra Angelico, HOLL A ex grandes expositions internationales de Paris, à celle d’art décoratif moderne de Turin en igoz, certains vases de faïence d’une forme originale et d’un coloris tout à part, et aussi des tapis tissés à l’instar de Smyrne, ont chaque fois, dans lu section hollandaise, attiré l’attention des connaisseurs. Ces vases et ces tapis, d’un décor particulier et personnel, sont très célèbres en Hollande. C’est Colenbrander qui en avait créé Ics ornementations, lui que j’ai ent qualifié de génial, car si son nom n’est pas aussi répansouvdu que celui des Morris, Crane, ou d’autres décorateurs célèbres, ses teuvs, par leur profonde originalité, par la recherche individuelle dont elles témoignent, ont ce quelque chose d’indéfinissable qui caractérise l’ceuvre de génie. Ces jours-ci, en Hollande, quelques amis es fervents admirateurs de Colenbrander ont fêté intimement son soixante-dixième anniversaire. L’artiste, après avoir fait des études avec l’architecte Eberson, alla travailler pendant quelques années à Paris, puis il revient dans son pays natal pour ne plus le quitter. l’eu à peu, l’ornement le passionne. Dès lors, les soleils couchants sur la mer du Nord,it Schee, suggérèrent un grand nombre de motifsdecoratifs. De méme, la contemplation des champs de tulipe et d’hya-cinthes, prés de Harlem, et des parterres de fleurs, l’inspi-reront, tout comme ce fut le cas chez les Persans pour l’orentation de leurs tapis. Maisnem Colenbrander, après des études approfondies et émues devant ces sujets très définis, résumait les éléments de beauté qu’il avait observés, que lui seul pouvait extraire de la nature éternellement diverse et changeante. Aprésun lent travail intérieur, après use élaboration patiente, intuitive et raisonnée tout à la fois, l’artiste en arrivait à réaliser l’impression de beauté qun de ces sujets très simples lui avait donnée, en dehors’u de toute réalité, et parvenait à traduire cette impression d’une façon pour ainsi dire abstraite, ne rappelant en apparence pas le portrait de Blanco Capello, grande duchesse de Toscane, par Véronèse, des Raphaël, des Pérugin, des Rubens, des Van Dyck. ; un Christ célèbre du Gréco ; une Descente de Croix de Rembrandt, le portrait de l’Infante Marguerite, par Velasquez; celui du lils de Murillo par lui, et la magni-fique sërie des Goya. J. CAUSSE. ANDE le 111011. du monde ce qu’il avait vu, mais donnant exclu-ent et parfaitement l’essence même de la beauté qu’il avait perçue. De la sorte, Colenbrander créa de délicats ou puissants motifs décoratifs, cn nombre infini, pour faïences, éven-tails, tapis, cuir, gaufrés, etc. Lors de la fondation de le fabrique de Rozenburg, à La I laye, aux environs de 188o, ce fut lui qui y fit exécuter quelques séries incomparables de potiches, cornets, plats et vases. L’éclat des couleurs profondes et fortes s’y marie aux verts ct aux gris, aux jaunes et aux rouges les plus sonores, qui forment une ornementation harmonieuse, continue, ne ressemblant à acune autre. I.e musée Mesdag contientudes échantillons superbes de cette production très limitée, hélas, et dont les spécimens sont actuellement recherchés à l’égal des produits d’art ancien. A la suite de différends avec la direction, dont les intéréss matériels ne concordaient pas avec les vues de l’artiste, qui avait, quant à In perfection technique, des exigences ires scrupuleuses, Colenbrander quitta cette fabrique et fut successivement attaché à une couple de fabrique de tapis. L’ensemble de son œuvre, en grande partie encore en portefeuille, n’est connu que de rares privilégiés qui ont pu l’admirer et, enécoutant son verbe calme et persuasif, se rendre compte de tout ce qu’il aurait pu créer, en répandre autour de lui. Colenbrander a paisiblement continué à accumuler les motifs décoratifs les plus variés, les plus simples aussi bien que les plus somptueux, avec une énergie rare, une volonté inébranlable. Mais cet artiste est du tees petit nombre de ces hommes d’élite qui sacrifient la vie matérielle à leur conviction, vivent en ascétes et ignorent tout le fatras de la vie moderne, atin de concentrer leur force vers un but unique, la réalisation de l’idéal de Beauté qu’ils se sont créé. ITALIE I. me faut revenir sur le sujet du menacions à Victor-. Emmanuel à Rome.J’ai écrit ici-méme à plusieurs reprises les considérations que peut inspirer le monument auquel l’Italie, fêtant son Cinquantenaire, a tant attaché d’impor-tance. Il serait inutile de rappeler encore la sympathie diverse, très diversement témoignée à son sujet par le monde artiste international. On peut trouver vraiment excessive l’apprécia-tion d’un grand journal colonial italien de New-York, qui parle du monument à Victor-Emmanuel comme d’un «énorme bluff de 45 nEllions a. La volonté toute d’art et d’exaltation patriotique, qui a animé les différents organisateurs, je ne dis pas les artistes, du monument, est assez digne d’une nation qui commence à Cive profondément secouée par des Pn. 7.0.CKEN. inspirations assez belles. Quant au monument considéré comme œuvre artistique, j’ai déjà dit ce qu’il fallait en penser. En résumé, toute la faute irréparable a été celle d’admettre le projet « colossal o de [architecte Sacconi. Nul effort de génie ne pouvait s’harmoniser avec cette architecture lourde, laide, sans originalité, et s ns vigueur malgré ses proportions. Plus que les bouleyersements apportés successivement dans l’organisation des différents comités du monument, par des luttes de vanités incompé-tentes, et auxquelles le ministre Bersolini mit très digne-ment un terme, ce sont ces mille difficultés rencontrées par des artistes jeunes, pleins de talent, se donnant avec ardeur à la décoration de l’énorme masse, qui nous 186