L’ART ET LES ARTISTES – Gravure extraife de Talachkino » BRODERIE VdCUTEE PAR LES ATELIERS DE TALACHKINO Il en note le grouillement, sans papillotage, sans trucs, très simplement, très sincèrement. On sent qu’il se plait à ces visions fourmillantes de la capitale, si colorées, si vives. si gaies. Mais il ne s’y cantonne pas. Il sait fort bien aussi retenir une impression de pleine nature, telle La Mare: ou définir, marquer d’une touche délicate et attendrie la gràce du visage enfantin (Deux fillettes). Ses petites choses notamment sont charmantes. Ainsi ce Clair de Lune sur une place de village, un rien, à peine une note, mais juste et pure, une petite oeuvre. LES EGLISES DE FRANCE (Galeries Ch. Hessèle. 54, rue Laffitte). — Des cent vingt oeuvres expo-sées là, il n’en est presque pas qui représentent un autre sentiment que celui de l’archéologue et de l’amateur de pittoresque. Même la rêverie lorsqu’elle nait de la contemplation de ces paysages couron-nées par un monument de la foi, n’a rien de religieux. Elle est tout extérieure si je puis dire, toute profane, et n’importe quelle ruine, quel vestige du passé l’aurait à sa place suscitée. Impression somme toute plutôt pénible, parce qu’en désaccord avec celle que les organisateurs avaient eu pieusement l’intention de procurer. Et je ne parle pas des toiles simplement peintes, sans autre arrière-pensée, mais même de toutes celles dont l’auteur a voulu penser, méditer. J’en excepte les délicats nocturnes de Muc Anna Gardiner, les étincelantes verrières de M. Nivard, l’admirable Cathédrale de Rouen de Al. Claude Monet et surtout les trois intérieurs d’églises de M. P.-G. Rigaud, peintre des intimités religieuses, plein d’émotion et de tendresse. LES %TEES DE LA DANSE DE M. JACQUES LOYSEL (Galerie Brame. a. rue Laffitte,. — Ces petites bonnes femmes polychromées en tutu de mousse-line roide et saisies dans les attitudes de la danse classique (quatrième devant pointe sortie, cinquième sur les pointes, préparation cambrée, etc.) semblent illustrer une critique sans acerbité mais nette et sans équivoque de l’art même, puéril et suranné, dont elles sont les déesses. Critique encore davan-tage accentuée par la comparaison de leurs corps habillés et peints avec les mêmes, mais nus, élancés et sveltes, naturels, que l’on admire dans une vitrine à côté, et déliés, rablés, solides, des corps de danseuses idéales. SOCIéTé DES PEINTRES-GRAVEURS FRANÇAIS XI. EXPOSITION (Galerie Devambe;. 43, Boulevard Malesherbes). — Ensemble excellent, mieux qu’excellent même. Les étrangers, comme cet étonnant et intense Albert Baertsoen (Vieilles maisons sur l’eau (, Mary Cassatt, Sir Charles Holroyd, délicat comme un préraphaélite, Max Liebermann, Joseph Pennell, E.-François Simon et le génial Anders Zorn ont beau être forts, ils ne le sont pas plus dans l’ensemble que leurs confrères français, qu’Edgar Chahine par exemple, qui évolue vers une émotion plus populaire et plus directe, que l’acerbe Forain, que les deux Beltrand, qu’Armand Berton, dont les nus gravés sont aussi suaves que peints, que Charles Cottet, que le nerveux Henry Detouche, spirituel et preste comme ses chulos et ses danseurs d’Espagne, que Charles-Jean Hallo (ses très belles Coulisses de l’Opéra), que Laboureur, que Louis Legrand, et Georges Le Meilleur (une ravissante Prairie vers Bouaples) et Auguste Lepère, et Paul-Emile Colin, et Charles Cottet, et Henri Paillard, et Paul Renouard (le plus fécond, le plus rapide, le plus captateur des dessinateurs), et Mlle Ripa de Roveredo (La Vallée du Grésivaudan). Bref, c’est entre Français et Etrangers, une émulation pleine d’entrain et de fraternité, pour la plus grande gloire de l’eau-forte. Mais j’avoue que rien ne m’a autant touché que cette planche de Bernard Naudin qui s’appelle Le Christ aux outrages. C’est, tout bonnement, 182