L’ART ET LES ARTISTES GEORGES DESVALLIÈRES L’ANNONCINFION grand mystère, les expressions symboliques que leurs aînés leur avaient apprises; et il leur a suffi. pour réaliser un chef-d’œuvre. d’ajouter à des perfections manuelles. un accent d’émotion qui correspondait aux secrètes préoccupations de leur anse. Beaucoup d’entre eux, d’ailleurs, ne ressemblaient pas à Fra Angelico qui. avant de peindre, se mettait en prière, et pour un Fra Bartolomeo. dont un tableau s’achevait, dit-on, par miracle. que de mauvais sujets incrédules. capables de représenter avec la même conviction. avec le mare charme. les vierges folles et les vierges sages. Les théologiens, les moines ou les prêtres qui déterminaient presque toujours le thème de la décoration dans les cathédrales étaient là d’ailleurs pour empècher les erreurs d’ortho-doxie et guider l’imagination des artisans. En art religieux, la part de l’inspiration vraiment religieuse est souvent très faible. L’émo-tion que nous éprouvons devant une statue de saint, une Madeleine qui implore. une Maternité, un Samaritain. un vieillard qui lit les Écritures, un Crucifiement. le Sommeil des Apôtres, le visage d’un Judas, une mise au tombeau, est de qualité humaine plus que divine. Les récits de l’Évangile. interprétés par les peintres et les sculpteurs. deviennent le plus souvent les symboles de nos souffrances. de nos espoirs, de nos décou-ragements, des lampes de vérité qui éclairent au dedans de nous-inémes, et c’est ce qui a toujours fait d’une cathédrale. même pour les moinscroyants un abri propice à la désolation, où le peuple venait demander aux verrières et aux statues de pleurer avec lui. avant même qu’il ne s’élevàt à prier avec elles. Ce qui nous intéresse ici. dans ces chroniques, où nous n’avons pas cessé de soutenir la liaison har-monieuse de tous les arts. c’est qu’une église. plus encore oraison ou que tout autre édifice. demande. appelle, exige la corrélation de l’ensemble et des parties. « La cathédrale, écrit excellemment M. Henry Cochin. dans la préface du catalogue. fut une réalité v i vante, cou verte de ses fresques et de ses mosaïques. peuplée de ses autels et de ses tourbes. retentissant de ses chants. illuminée de ses vitraux. En elle_ tout fut beau et composé harmonieuse-ment. .A l’harmonie des grands arts s’accordait celle des petits. l’orfèvrerie. les émaux. la ciselure. le bois. le fer. le cuivre. tous obéissants aux vertus de l’art et à la discipline de la foi. De la sublimité des cathédrales, ces vertus et cette discipline s’éten-daient par rayonnement jusqu’aux édifices religieux 17u CONSTANTIN CANPSKO