I-. VISITE A LA MAISON D’ALBERT DÜRER d’artisan, les conceptions interprétées par son esprit meublé d’histoire et de philosophie; ce jardin de la sagesse, il l’ouvrait au soleil de son enthousiasme et de sa foi. Il y promenait son rêve après que la main sûre avait arrêté les premières grandes lignes du dessin. Et parmi tant de corbeilles fleuries offertes à soli invention d’artisan, il cueillait l’or-nementation multiforme dont la Mélancholie et ln Vie de Jésus sont la preuve admirable. A voir cet atelier de Dürer. on comprend la volonté irréduc-tible du peintre et du graveur. Il n’avait pas besoin de cadre ou d’atmosphère, nul manœuvre ne pré-parait ses outils ou ses planches-, nul tâcheron ne dégrossissait le bois où son burin allait tracer in-taille pure comme un joyau. Seul, son ami Flyero-nimus Andreas taillait les bois avec sa permission. Les élèves le regardaient travailler sans mot dire car le maitre enseignait le silence bon conseiller et la patience qui réconforte et aide le génie impé-tueux. De son âme jaillissait la flamme qui brille et le feu qui porte la vie. L’air s’emplissait d’un frisson de clarté. Sous les doigts agiles, le burin ou la plume filaient la trame d’un chef-d’œuvre. Nul bruit. Parfois. le son du carillon tombait de la tour dressée en senti-nelle à l’avant-pont du burg. Parfois aussi, par 171 l’unique fenêtre ouverte dans le coin de l’atelier venait le bruit d’une chanson de Tyrol ou de Saxe. que fredonnaient les meneurs de bêtes par la grand’ route de Nürenberg, au ras des fossés de la’ ville bordés de sapins. Le bruit, peu à peu, disparaissait et. souriant. Dürer, attentif un instant à la voix du chanteur inconnu, reprenait son labeur méticuleux et savant. Laissons-le sur la page qui ne sera jamais finie, car elle est son reve, et refermons l’huis, au seuil de l’atelier. A droite, dans le vestibule bas et spacieux, l’esca-lier de bois, massif et sonore conduit à l’étage où sont les salles vides. servant aux expositions de photographies d’eeuvres de Dürer i ainsi que deux salles au second étage). Intactes. telles qu’elles étaient en 15o6 restent la cuisine. le salon et la salle à manger. La cuisine obscure tenait sa vie ardente du foyer. Les coquemars et les marmites sont encore là, posées sur le trépied de fer. A l’auvent du foyer les assiettes peintes offrent leurs dessins naïfs et charmants. Les brocs, la lanterne et la lampe accrochés au mur avec les chopes et lys étains, attestent qu’il faisait bon vivre une vie large et grasse. A terre, les objets ménagers. la huche à bois sous le foyer ; la chaise lourde de la servante qui