LA PEINTURE FRANÇAISE l’h. i J.-B. (iREU – i INNOCENC Voici maintenant le maitre le plus véridique des réalités de son temps, des réalités bourgeoises et populaires. de celles qui faisaient le fonds de la nation et qu’on avait jusqu’à ce jour tant négli-gées. Car, depuis les frères Lenain. personne n’a osé toucher à ce «bas peuple» à ces «gens du commun» si ce n’est, comme le firent Boucher et Bouchardon dans leurs Cris de Paris et, plus tard. Jeaurat et les autres imitateurs, en manière de badinage comme s’il s’agissait d’un peuple d’opéra-comique et avec l’arrière pensée du milieu aristocratique auquel ces images étaient destinées. Chardin, lui, a dit les moeurs simples, probes, honnètcs, de cette vigoureuse bourgeoisie et de ce peuple vaillant qui gardent le patrimoine des solides vertus tradition-nelles de la race et constitueront la nation après la crise douloureuse où le régime va sombrer. Jean-Baptiste-Siméon Chardin (Paris 2 novembre 1699- 6 décembre 1779( était fils d’un ébéniste qui avait la spécialité des billards. Sa vocation s’étant mani-festée de bonne heure, son père le mit d’abord à l’atelier de Caus. Il montra, dès ce moment, ses goûts pour la nature morte. Il travailla quelque temps à des restaurations au château de Versailles près de Jean-Baptiste van Loo, qui s’était intéressé Coll. Baron de Sehlichling. PAR LES AMOURS ET SUIVIE DU REPENTIR à lui à l’occasion d’une nature morte qu’il lui avait achetée à l’Exposition de la place Dauphine. Il s’inspirait beaucoup des maîtres des Pays-Bas et les imitait avec tant de vérité qu’il réussit à mystifier ses juges de l’Académie en faisant passer deux de ses tableaux Four des œuvres flamandes. Il n’en fut pas moins accueilli. en 1726. avec chaleur. Il s’enhardit peu à peu à Feindre des figures dans des intérieurs, et eut tant de succès avec sa Couver-nante,en 1739.qu’il ne pouvaitsuffireauxdernandes de tableaux qui lui venaient de toutes parts. de France ou de l’Étranger. Ces exquises toiles du Benedieite. de la Pourvoyeuse, de l’Enfant au toton au Musée du Louvre. sont aujourd’hui populaires. A la fin de sa vie, après des revers de fortune et des chagrins occasionnés par la mort de son fils unique. il se remit au travail et produisit particu-lièrement des pastels. On a de lui au Louvre, sur ce mode, son propre portrait. qui vaut les plus beaux de La Tour. Un autre peintre célèbre de la modernité est Jean-Baptiste Greuze (Tournus 21 août 1725-Paris 21 mars 18o5(. Mais ce n’est pas un vrai réaliste. La réalité est surtout pour lui un prétexte. et il est plus frappé par le théâtre que par la vie. Il 157