soit parce qu’il crut remarquer quelque sentiment de jalousie lorsqu’il lui montra son premier tableau. C’était un petit sujet de genre militaire. Départ de Troupes que son ami Spoede lui fit vendre au mar-chand Sirois ; celui-ci, dont le gendre Gersaint, marchand de tableaux égale-ment. devait être le plus intime ami de Watteau et qui lui ferma les yeux, com-manda au jeune artiste un pendant : Halte d’Armée. qu’il exécuta à Valen-ciennes où il était retourné et où il eût l’occasion de voir souvent des passages de soldats, après Mal-plaquet. Car, déjà, ce qui constitue l’in-térêt et l’originalité de Watteau. c’est qu’au lieu de peindre « de génie » comme on disait ou « de chic » comme on dit aujourd’hui, il regardait assi-dùment la nature. Il ne resta pas longtemps à Valenciennes, revint à Paris. fut mis en relations. qui devinrent très intimes, avec le grand amateur Crozat et eut la joie profonde et la satisfaction encore inconnue chez lui de pénétrer et d’analyser à fond les trésors inestimables de sa collection de peintures et de dessins. Il copiait et recopiait sans cesse les morceaux qui l’avaient frappé et il fut surtout sensible aux influences des maîtres de Venise. dont il semble avoir pris l’atmosphère fluide et subtile et la chaude lumière ambrée. Il fut admis à l’Académie d’emblée, un jour de séance, en 1712. sur des tableaux qu’il y avait envoyés pour appuyer une demande de pension à l’Acadé-mie de France à Rome. Il ne livra qu’en 1717, même—et, peut-on dire, heureusement— inachevé son morceau de réception. l’Embarquement pour Cythère. du Louvre. tableau incomparable de poésie, de sentiment, d’enchantement et aussi de vérité, tant le rêve et la réalité sont étroitement fondus dans une contemplation passionnée et inconnue de son temps, de la splendeur des arbres, des eaux et des cieux. Watteau fut un véritable LA PEINTURE FRANÇAISE .11 usée d’Angers. EAN-li RANÇOIS DE ‘ISM’ BETHSAlià. ni; luis ibt précurseur. Il a de-vancé les romanti-ques dans la compré-hension des grands spectaclesdela nature et il est une exception dans son milieu par son respect si attentif des formes de la vie. Ses petits person-nages si vifs, si alertes, si spirituels et si expressifs. dans leur sentimentalité à la fois tendre et iro-nique. sont des êtres bien concrets et bien réels de corps, de manières, d’attitude et de vie. Son dessin est d’une construc-tion savante et d’un beau modelé, sa mi-mique. dans sa petite manière piquante. pleine de naturel. Aimé et admiré de ses contemporains à qui il va ouvrir toutes les voies. Va ttêau ne fut. pourtant, pas compris à sa mesure. même de ses plus proches amis et intimes fervents. Ce n’est que notre temps qui a deviné et reconnu que ce petit maitre était un grand maitre et l’une des figures les plus originales, l’un des initiateurs les plus féconds de l’Ecole. Il a touché à tous les sujets qui vont fournir l’inspiration du reste du siècle et de telle façon même qu’il demeurera toujours supérieur à tous ceux qui l’ont suivi petites scènes militaires de genre, à ses débuts. et près des petits maîtres de Hollande. ensuite pastorales amoureuses. issues des ballets inspirés de rAstrée ou de l’Aminta. chinoiseries dont il prenait. du reste. les éléments sur la nature même. d’après quelques Chinois en séjour à Paris, sujets de la comédie italienne, puisés près de la Commedia dell’Arte. mais qu’il a animés d’un souille de vie et même de vie supérieure et symbo-lique. fêtes galantes. assemblées. concerts cham-pêtres. collations. badinages. danses. De tout ce beau rêve d’amour, d’aimable galanterie, de douce et tendre sensualité, de volupté subtile et délicate, se meut un peuple d’arlequins, de pierrots. de colombines, de bergers enrubannés, de pélerins et de voyageurs pour Cythère qui défileront dans le monde de l’inspiration artistique le restant du