L’ART ET LES ARTISTES métier. l’ai trouvé, au contraire, en le moindre de ses vases; un goût, un choix du détail ornemental, un agencement dans la composition, une subtilité dans la disposition des couleurs, qui sont des dons purs et simples d’artiste. A cet e esprit aie finesse » qui est incommunicable et gratuit, se joint, en effet fort heureuse-ment, a l’esprit de géométrie de l’ouvrier par-fait, sûr de sa technique, fa-milier des se-crets de la terre et du feu. Cette fusion (grâce au feu, sans doute) des qualités qui s’acquièrent et de celles qui ne s’acquièrent pas, de la grâce et de la volonté, c’est peut-être ce qui donne le secret du char-me réel qu’on éprouve à regar-der quelque chose qui soit sorti de la main de M. Wenner-berg, notam-ment ses vases, car c’est un potier incompa-rable. Parti pour étudier la pein-ture, il sentit très vite com-bien l’attirait surtout la déco-ration et,malgré qu’il fût très doué pour la figure et pour le »u, il se laissa tout-à-fait aller à son goût exclusif de la peinture décorative. A tel point que, de retour en Suède, il devint presque aussi-tôt directeur artistique à la manufacture de Gustafsberg, et il y demeura dix ans. Il fut aussi professeur de peinture décorative à l’Ecole supé-rieure des arts appliqués, à Stockholm, pendant quelques années. Comme tout décorateur-né, il eut garde d’être exclusif. Pour lui, toute surface susceptible de ne plus être vide doit être traitée de façon ornemen-tale. Le vrai décorateur doit savoir imaginer pour un fauteuil, pour un vase, pour une porte, pour une tapisserie, le sujet qui convient, avec l’ensemble des moyens techniques d’ac-cord à la lois avec le sujet et avec la surface à traiter. C’est à cette parfaite convenance en-tre l’objet, le motif et la tech-nique que l’on reconna î t en effet le décora-teur digne de ce nom, tandis que les autres se con-tentent de des-siller abstraite-ment des a su-jets » qu’ils transcrivent en-suite sur le flanc d’un pot ou un lambris,comme un décalque. J’ai vu des dessus de portes, des tapis-series, des pan-neaux de fleurs de M. Wenner-berg : tous ces objets sur les-quels s’est jouée sa fantaisie ont été respectés, si je puis employer cette expres-sion, dans leur substance, et aussi dans leur destination. Rien ne choque, rien ne sent l’intrusion de la volonté, et cela parait si naturel et si simple qu’il faut une certaine attention pour s’apercevoir du travail qui ne peut pas ne pas se trouver à l’ori-gine d’une aussi parfaite appropriation. Des deux tapisseries que nous reproduisons ici, l’une est libre et sans destination autre que murale, l’autre s’ajuste à un fauteuil de chêne avec la plus CROISSANT DE LUNE (rAmssEan,) (EXÉCUTÉ PAR L’ATELIER s LICIUM S A STOCKHOLM) L73