L’ART ET LES ARTISTES Mais, si la Bretagne a des heures grecques, la Thébaïde, à certains instants, ne peut-elle devenir proche parente de la lande ? Encore une fois, la nature admet tous les contrastes ; et c’est en art, surtout, que le vrai n’est point toujours vraisem-blable… D’une escale à Venise, Cottet rapporta le souvenir des voiles rouges et des nuits bleues, sans oublier les gais pêcheurs des îles; montagnard, il a reconnu le paysage romantique dans le ravin dau-phinois de Pont-en-Royans ; en Espagne, il a retrouvé le soir empourprant les vieilles cathé-drales dans l’azur vert ou l’ombre du nuage attris-tant les murs moyenâgeux d’Avila. Portraitiste, il reste le poète de l’heure, il s’élève avec ténacité de l’apparence visible à la synthèse rêvée, et la robe lilas d’une Franlein lui laisse la mélancolie de Werther ; mais ses nos s’inspirent plutôt de Verlaine, et leur réalité, nocturne ou matinale, suggère moins l’heureux mensonge de l’Olympe que le désenchantement de la vie. Peintre-graveur, il crayonne de chaudes lithographies d’après ses tableaux, il impose à l’eau-forte les rides des vieilles femmes et des vieilles choses, la figure étrange ou le paysage marin, des fantaisies et, plus souvent, des eortraits. En son labeur varié, ce chercheur se devine inquiet sous son calme et constamment anxieux de se renouveler, non pas consiste les indifférents qui flairent le vent de la mode, mais à la manière des forts qui sentent l’obligation de se retremper dans la nature. Au lieu de se figer dans sa prompte renommée, comme tant d’autres, Cottet retourne à sa Bretagne afin de lui demander des émotions rafraîchies : déjà plusieurs fois, et surtout en 1904, à la l’éte oit le pardon de Sainte-Anne-la-Palud groupait, autour d’un rustique déjeuner, les jeunes filles dans la prairie, le peintre aspirait à la clarté du plein-jour ; et sa brosse harmonisait gaiement les verts, les bleus, les violets. Aujourd’hui, jeune encore, et loin des fauves décadents qui passe-ront, le défenseur du sentiment sort de l’ombre et continue d’allier, sous le soleil, la fermeté du style à la vigueur du ton : l’an qui vient nous permettra d’observer, dans une exposition de son oeuvre, ce regain de lumière polychrome et de santé lumineuse où s’arrête volontiers un sourire du ciel français. Photos Crevai,. RAYAIOX D BOUYER. VIEUX CHEVAL OMET(,