L’ART ET LES ARTISTES Si!ANIANQUE de 1893, le cadre intitulé Rayons du Soir, à Gainarel-sur-Mer. Cette marine, acquise aussitôt pour la cimaise du Luxembourg, était le vrai début de Charles Cottet, le premier rayon de sa renommée: date plus expressive que son apparition première à l’unique Salon de 1889, le dernier qui précéda le schisme. Aussi bien, la biographie d’un artiste est seulement clans les jalons posés par son art : faut-il rappeler que Charles Cottet naquit le 12 juillet 1863 au Puy, parce que son père était alors magis-trat dans la capitale de la Haute-Loire, et qu’après le baccalauréat, sa vocation de peintre le conduisit d’abord au sévère atelier de Maillart, puis chez Julian ? Retenons plutôt ses rêves d’enfance an bord du lac de Genève, où le petit collégien. d’Évian respirait l’air de ses ancêtres; et, sensible aUpaysage. autant que son art, sa nature avoue cet Fienretnu. héritage d’énergie montagnarde et de finesse dau-phinoise qui fait sa voix très douce en sa barbe de flamme et son regard bienveillant dans son teint coloré. N’est-ce pas le caractère intérieur qui grave la physionomie de l’homme et de son œuvre ? Et le caractère indépendant du peintre est visible en ses débuts colonie en ses portraits. D’abord épris de toutes les belles violences de palette, il va droit au Champ-de-Mars n, dès le premier printemps de la rupture, et ne craint pas de montrer parallèlement ses pochades bretonnes à la devanture inégalement révolutionnaire de feu Le Barc de Bouteville ; et toute sa carrière ne sera qu’une victoire progressive de la réflexion sur l’emportement. Il n’est pas mauvais de débuter impétueusement c’est un signe de force, alors qu’il est sincère ; et les forts s’élèvent naturellement de l’intense à l’harmonieux. L’instinct, d’abord ; la pensée, plus tard… Après avoir appris le Initier, qui n’existe plus dès qu’on le sait, le coloriste a reçu les conseils de Roll et de Puvis de Chavannes; mais il n’imite aucun de ces deux maitres, diverse-ment français, de la clarté: du premier, sans doute, qui restera, clans l’histoire de notre art, le peintre moderne par excellence, ouvert à tousles spectacles de la vie qui passe, Charles Cottet partage la passion pour la réalité frissonnante; mais il sacrifiera le plein-air au plein-soir; et du second, qui fut, depuis Corot, le plus grand poète de la palette naïve, il ne retiendra pas moins le don de résumer la vie, d’en condenser dans une simple arabesque les données multiples, d’en faire avec fierté du rêve qui demeure ; mais il ne suivra jamais ce docteur séraphique au bois sacré des Muses; il ne 163