L’ART ET LES ARTISTES vénitienne est conçue relativement à une récipro-cité des valeurs et à un renforcement mutuel des diverses puissances chromatiques elle est une fanfare. La fresque florentine est un hymne la géométrie, comme y fut ramené le vieux Paolo Uccello, qui mourut fou en léguant des cercles enchevêtres où il croyait voir les graphiques défi-nitifs de ses rêves mystiques. Mais l’excès de la Phot. Alindri. TITIEN — L’AMOUR SACRE ET L’AMOUR PROFANE (L’AMOUR PROFANE) elle est conçue comme le développement d’un motif psychologique engendrant des formes colo-rées certes, mais, avant tout, dessinées et expres-sives par le dessin. L’une tend à la furia; l’autre, à la synthèse abstraite. La fresque de Masaccio, de l’Angelico, se rétracte sur une pensée, la décora-tion de Véronèse et même de Tintoret est une effusion dont on finit par oublier le motif généra-tem, presque toujours anecdotique et pauvre de substance. La couleur ôte à la fresque florentine ce que sa mysticité entraînerait de sévérité et de sécheresse elle ne fait au contraire que souligner par sa fastueuse dépense l’indigence intellectuelle de certaines compositions vénitiennes. L’excès de la peinture d’idées ramène aux mathématiques, à 151 peinture relative ne conduit pas à cette noble démence il crée, de formule d’école en recette d’atelier, de vaine copie en fade imagerie, les bar-baries et les puérilités où nous voyons aujourd’hui s’égarer et s’avilir des modernes enviant l’état d’esprit du sauvage. Mais si Venise, laissant à Florence un ciel auquel elle ne croyait qu’à demi, n’a voulu pour royaume que la terre, elle l’a du moins possédée avec une telle frénésie que l’histoire de l’art humain semble un vaste brouillard auprès de cette irruption de soleil. La ville et sa peinture se sont enivrées de la même liquette d’or dont plus tard Rembrandt a conservé, dans sa pluvieuse patrie, quelques fla-cons magiques. C’est elle qui hâle de son ambre