PAUL VÉRONÈSE — LES NOCES DE CANA L’ART DE VENISE LAME DE FLORENCE x art, Florence a tout trouvé par la force de l’amour divin, et Venise, par la force de l’amour profane. L’idéalisme et le sensualisme, en ces deux villes diversement admirables, ont à jamais proposé leur conflit éternel aux réflexions de la critique. Florence, c’est l’élan mystique, la fierté aristo-cratique d’une élite religieuse et militaire, la noble sévérité d’un art pour lequel la forme n’est que le moyen d’une expression de la vie intérieure, l’écri-ture hiéroglyphique d’une pensée. Venise, c’est la joie de vivre, l’élan païen, le luxe et la luxure, l’épanouissement d’une civilisation de trafiquants Venise gnou une couronne, niait une auréole ‘Il an front de Florence, rusés, hardis et cruels, le chant triomphant d’un art pour lequel la vie extérieure est tout, pour lequel la pensée de l’artiste n’est que le moyen d’une glorification de la forme. Tout, à Florence, va du dehors au dedans, au contraire de Venise, où toute pensée se dissout dans une radieuse exté-riorisation. Florence, c’est la fresque; Venise, c’est la décoration. Il y a eu tant de grands hommes dans ces deux villes que, par l’effet du génie, les Florentins sont souvent parvenus à la plénitude de la forme, et les Vénitiens parfois à la profondeur de l’expression, en sorte que le parallèle n’est point si net qu’on le 1-17