L’ART ET LES ARTISTES net (1832-1883) suivit d’abord la tradition de Monet, avant de réagir en quelque sorte contre elle. Il voyagea beaucoup, en Hollande et en Espa-gne notamment, y fut très frappé par Franz Hals et par Velasquez. Aussi sa première manière est-elle très espagnole, mais il se dégagea peu à peu devant la nature et, reprenant à sa façon la formule d’Ingres « le modelé dans le clair », il souleva un des premiers ces délicats problèmes de la lumière et de l’enveloppe qui tourmen-taient tant d’artistes émus d’autre part par ces questions de physiologie et d’optique auxquelles s’attachaient de leur côté les hommes de science. Manet, violemment discuté à l’occasion de ses tableaux l’Olympia (Musée du Louvre), le Déjeu-ner 511r l’herbe et tous ses autres ouvrages en plein air, est un des maitrcs les plus originaux de cette génération dont l’influence s’est le plus marquée sur son temps. C’est l’époque de Zola, de Nana et de l’A SSO1l2 ?noir, de l’étude poussée à fond de tous les milieux populaires. A côté de l’esprit objectif de Manet, Auguste Renoir (né à Limoges en 1841) a traité ces sujets avec une compréhension plus optimiste, une grâce de modelé et un charme de palette, pour tout dire, une rare sensibilité d’artiste qu’on admire dans ses chefs-d’oeuvre comme la Dan-seuse, la Loge. le Moulin de la Galette. Le grand impression-niste par excellence a été Claude Monet (né en 1840). Il débute par des figures dans la manière de Courbet, mais se donne bientôt au pay-sage. C’est un moment, du reste, après l’éclat qu’a jeté dans le monde notre grande école de 183o et de 1848, où le paysage a pris un déve-loppement inusité. Il s’est fait dans l’art une place prépondérante, joue un grand rôle dans la peinture d’histoire avec Puvis de Cha-vannes, ou son plus jeune émule Jean-Char-les Cazin (1841-1go1). dont les tableaux bibli-ques d’Agar, de Judith, de Tobie, doivent toutes leurs suggestions au pay-sage, et qui fut, du reste, un paysagiste original, ayant discerné, comme personne encore depuis Millet, la beauté cachée des spectacles les plus humbles ; c’est l’épo-que de Henri Harpignies (né en 181g, le doyen des paysagistes et des peintres) qui continue la grande tradition de Corot et de bien d’autres. Dans le groupe des impressionnistes on relève une figure tout à fait exceptionnelle c’est Edgar Degas (né en 1834). Degas peignit à l’huile et surtout au pastel des danseuses, des figurantes, des femmes à leur toilette, comme dans les estampes d’Outamaro ou de Kiyonaga. Mais quels que soient les scènes qu’il retrace ou les personnages qu’il touche. Degas sans les dénaturer les grandit simplement par le style. Tout à côté de ce groupe des impressionnistes, il est une personnalité touchante et qu’on ne peut oublier, c’est Jules Bastien – Lepage (1848-1884). Au moment où les impressionnistes étaient le plus violemment discutés mais où, pour cette raison, leurs œuvres passionnaient tous les ateliers, Bastien-Lepage trouva tout naturellement le com-promis cherché entre la tradition et ces nouveautés trouvées trop hardies. . . Comme on le voit par ces noms qu’on peut tout juste énumérer, c’est pour cette deuxième période du xnx’ siècle un pullulement d’artis-tes. On ne peut suivre leur développement individuel dans cette course rapide. Nous sommes, du reste, au seuil de la vie actuelle. parmi les vivants et les combattants. Mais. quelle que soit la ten-tation de nous arréter sur tant d’oeuvres admi-rables et tant de noms illustres, celui d’Albert Besnard, entre autres, il faut clore ce dernier chapitre et cet aperçu trop abrégé de notre Ecole. La seule consta-tation qu’on ait encore le droit de faire. c’est que l’art en France a bien repris son rôle tra-ditionnel et nécessaire, son caractère national sinon ethnique. DEGAS — DANSEUSES zoo Léonce