L’ART ET LES ARTISTES Ph. Vi,auona. EUGÈNE CARRIÈRE — comme suite Le Travail et Le Repos, puis Picar-dia Nutrix et enfin, plus tard, un de ses chefs-d’ceuvre. Pro patria ludus. Il procédait d’abord de Chassériau, avec toutes sortes de ressouvenirs d’école. Mais, peu à peu, son art s’élargit et se simplifie, devient au plus haut point expressif par la sobriété des moyens. le naturel des figures, la valeur harmonique du paysage, le lien moral qui unit tous les éléments du sujet. Il est d’abord mal compris et violemment discuté mais, après les décorations de Marseille et de Poitiers, l’En-fance de Sainte-Geneviève. au Panthéon 0878-79) commença à répandre sa réputation jusque dans la masse du public et son exemple fut un des plus actifs stimulants du mouvement de peinture monumentale qui caractérisa spécialement l’évo-lution de l’art à cette date. En méme temps que Puvis de Chavannes, et dans ce mème milieu, mais dans un esprit tout différent, un goût très ingénieux d’une haute élégance et d’une gràce toute française et toute moderne, bien qu’il eût pris pour maitres les grands décorateurs de la Renaissance c’est Paul Baudry (1828-1886) qui restera à jamais illustre par son vaste ensemble décoratif de l’Opéra. Enfin voisinant et se confondant avec les deux groupes précédemment cités, voici, débutant près des réalistes en des portraits d’une manière serrée dans le sentiment de Holbein, puis, à Rome, tout d’un coup, évoluant dans le sens des maitres Musée du Luxembourg. LA FAMILLE DU PEINTRE de Venise et de Parme. Jean-Jacques Henner (1829-1875) qui a été un des peintres les plus sensibles et les plus émus de la beauté plastique de la femme. Ses Naïades. ses Idylles (Musée du Luxembourg), sa Baigneuse du Musée de Dijon. l’apparentent de près à Giorgione et à Corrège. Ensuite c’est Léon Bonnat, né à Bayonne en 1833, qui débute par des scènes de la vie italienne, puis par des sujets orientaux, et qui, avec quelques grandes toiles comme son Saint-Vincent-de-Paul prenant la place d’un galérien. se fait u ne ré putation universelle par des portraits d’un réalisme mâle et vivant. C’est, enfin, Jean-Paul Laurens (né en 1838 à Fourquevaux, Haute-Garonne). Dans le souvenir des Espagnols, il traite les scènes de l’histoire du passé avec une force pathétique qui tient à son sentiment robuste des réalités et à ses fortes techniques. Tandis que la peinture évolue dans ce sens plus spécialement « historique » suivant l’acception donnée jadis à ce mot, et que, au milieu de tous ces groupements, les maitres qui dirigent l’enseigne-ment officiel, les William Bouguereau, les Gérôme. les Alexandre Cabanel se font remarquer, de leur côté, par des ouvrages savants et distingués (le dernier surtout, qui a laissé quelques portraits de femme d’une grâce inoubliable), le courant réaliste, plus étroitement attaché à la représentation des aspects extérieurs de la vie contemporaine, plus sensible aux événements politiques ou sociaux, 238