L’ART ET LES ARTISTES HONORÉ DAUMIER — LES CHANTEURS .10 LA] I, ((111011E) et Delacroix sont toujours à la tête et aux pôles de l’Ecole. Les principes d’Ingres sont suivis et transposés par tout un groupe de décorateurs plus ou moins mystiques, du milieu desquels se détache plus particulièrement la figure d’Hippolyte Flandrin (Lyon 1809-Rome 1864). Les oeuvres de ce peintre peuvent être admirées, à Paris. dans les églises de Saint-Germain-des-Prés et de Saint-Vincent-de-Paul ; à Himes, à l’église Saint-Paul, et à Lyon, à la vieille basilique d’Ainay. On peut rattacher à ce groupe le peintre-philosophe Paul Chenavard (1808-1895i, lyonnais également d’origine, célèbre par ses cartons pour le Pan-théon et Charles Gleyre (1807-1876), le rêveur des Illusions perdues. Quant à Delacroix, il n’a pas d’élèves directs. Mais le compromis entre sa manière et celle d’Ingres fut longtemps et vaine-ment cherché. Après les tentatives de Thomas Couture ( 1815- 18 79) , dont l’oeuvre la plus célèbre est le tableau, bien connu, des Ro-mains de la Décadence, qui, malgré ses mérites propres, n’apportait aucun élément de nature sérieuse au renouvelle-ment et à la progression de l’art, le rôle échut à Théodore Chassériau (1829-1856). Né à Saint-Domingue, où son père, agent diplomatique, s’était marié à une mère créole, Chassériau fut amené tout jeune à Paris. Sa vocation fut si précoce qu’à dix ans il entrait dans l’atelier d’Ingres, de qui il fut l’élève de prédilection. Mais il se sépara peu à peu de son maitre pour aller vers l’art de Delacroix, près de qui le portaient ses penchants, surtout après un voyage en Algérie, en 1846; et de cette première discipline et de ce tempérament qui réagit naquit spontanément et sans recherche la combinai-son attendue qui, dépassant ce qu’on appelait le mariage du dessin et de la couleur, unit étroitement les deux idéals en apparence contradictoires d’Ingres et de Delacroix. Les premiers travaux décoratifs de Chassériau à Saint-Merrv sont encore sous l’influence directe d’Ingres, mais sa physionomie est pleinement constituée dans le vaste ensemble décoratif de la Cour des Comptes (1844-1848) dont il ne reste plus que quelques précieux fragments conservés au Louvre. La formule trouvée par Chassériau sera féconde; elle ouvrira une voie nou-velle aux grands idéalistes de la seconde moitié du xix© siècle. A peine triomphant, le romantisme vit, selon la loi fatale, une réaction surgir contre lui. Contre ce mouvement d’ordre imaginatif ce fut une réac-tion réaliste. Elle prit diverses formes. Contre l’insuffisance des habitudes d’observation et le relâchement des techniques, apparait dès 1834, comme une première protestation, l’oeuvre atten-tive, volontaire, documentée et véridique au plus haut point d’Ernest Meissonier (Lyon 1815-Paris 18911. Elle est essentiellement historique jusque dans ses parties épisodiques et réalistes bien que a34