LA PEINTURE FRANÇAISE dans les rangs de la tradition et dans l’état-major de l’Ecole : tels Horace Vernet, Paul Delaroche, Ar) Scheffer et Léon Cogniet. La lutte reste donc bientôt cir-conscrite entre ces deux combattants extraordinai-res ou plutôt entre leurs deux idéals. A l’idéal purement plastique d’Ingres qui se mani-festa par les chefs-d’oeuvre de l’Apothéose d’Honeère, de la Stra-tonice, de l’Age d’Or. de la Source, etc.. Dela-croix oppose ses propres chefs -d’oeuvre d’idéal expressif,coloré,vibran t c’est la Mort de Sarda-napale, la Bataille de Poitiers. Charles le Témé-raire à la Bataille deNancy. le Meurtre de l’Evèque de Liège. et, après son voyage en Afrique, les Femmes d’Alger. la .Voce Juive et tous ces admirables morceaux si imprégnés de la beauté et de la poésie de l’Orient qui se suivront sous cette inspiration jus-qu’à la fin de sa carrière ; puis l’Entrée des Croisés à Constantinople, qu’on se plaît à considérer comme son oeuvre maîtresse et, enfin, ces grandes décorations elles-mimes de la Chambre des Députés, de la Bibliothèque du Sénat. de la Galerie d’Apollon, de l’Eglise Saint-Sulpice. Delacroix ne fut élu de l’Institut qu’en 1857, après s’être présenté déjà maintes fois en vain ; il avait été fait commandeur de la Légion d’honneur. Il mourut en 1863. A côté de la grande peinture d’histoire, il faut noter un petit genre d’inspirations. dont le cou-rant, en s’élargissant, était destiné à dépasser et à supplanter ceux qui prédominaient alors. C’est ce qu’on appelait la peinture de genre et la pein-ture de paysages. Ces deux modes particuliers, tout en continuant la tradition française du siècle précédent et, du reste, avec des représentants for-més en partie dans cette période, ces deux modes s’appuyaient sur l’imitation des petits maîtres de Flandre ou des Pays-Bas qui, nous l’avons vu anté-rieurement. étaient très prisés au temps de Chardi n Louis-Léopold Boilly(1761-1845).àdem i Flamand d’origine, puisqu’il naquit à Lille. cive ses petits sujets de la vie contemporaine. l’A rrirée d’une diligence ;Musée du Louvre) ; les Scènes des boulevards ; l’Entrée du Jardin Turc ; la Distribution de vin et de comestibles aux Champs-Elysées; etc., etc., et Martin Drolling (t752-1817)né à Oberbergheim, près de Colmar, avec sa Cuisine du Musée du Louvre, ses petits sujets de mœurs populaires et notamment tous ses personnages vus dans l’encadrement d’une fenêtre à la manière des Miéris et des Metsu. forment la tran-sition entre le passé et le présent et le lien entre les écoles des Flandres et des Pays-Bas et la nôtre. faut leur joindre, toute-fois, le méridional Marius Granet (Aix – en – Provence 1775-1849), qui, malgré ses origi-nes. fit, lui aussi, sa première édu-cation d’après des estampes de Tén iers. Le rôle de Granet est plus im-portant que celui de ses émules. car il est doué de dons plus essen-tiellement pittoresques. Il sera l’initiateur, dans ces sujets de paysanneries romaines qui jouirent longtemps d’une si grande vogue, de Victor Schnetz (1787-187o) et de Léopold Robert (1794-1835). Ces deux noms. un peu dédaignés aujourd’hui. ont. à leur tour, une véritable importance histo-rique. Les premiers. ils donnèrent à des sujets populaires le format, le caractère et le style que l’on réservait exclusivement aux sujets d’histoire. Ces sujets populaires. assurément, étaient pris hors de chez nous, avec le pittoresque et l’exotisme de la péninsule voisine ; mais à cette date, c’était déjà un grand pas en avant dans l’expression de la vie actuelle. On ne percevait pas encore la beauté austère, grave et si fortement éloquente de nos milieux populaires et ruraux. Ce rôle devait échoir à la génération suivante. Le succès de Schnetz avec sa Diseuse de Bonne Aventure en 1824 et son Voeu à la Madone (1831i — celui-ci au Musée du Louvre — comme de Léopold Robert avec ses célèbres tableaux du Retour de Pélerinage à la Madone de l’Arc (1827) et de l’Arrivée des Moissonneurs dans les Marais Pontins. ce succès fut tel que les deux partis en m„,„ INGRES PORTRAIT DE Mme RIVIkRE 229