L’ART ET LES ARTISTES THÉODORE GÉRICAULT — 1.r. .01,1 1,1 I SI 1 PI nature et de sympathie pour toutes les émo-tions humaines, ce besoin d’ouvrir à l’art toutes les portes de la vie, tous les champs de la pensée. était parvenu à son aboutissement à cette date de 830 qui est historique dans les arts comme dans les lettres, après les rudes combats des Salons de 1S24, de 1827 et enfin de 1831. Dans les deux camps il n’y a donc plus que les deux grands antagonistes qui réclament notre attention. A cette date du Salon de 1831, le plus ancien. Ingres, était déjà un maitre célèbre. Il avait 51 ans ; il était chevalier de la Légion d’honneur et membre de l’Institut depuis 1825 et avait exposé des œuvres qui l’avaient classé à la tète de l’Ecole. Il vint à Paris en 1796, il entra à l’atelier de David ; prix de Rome en 1801. il se rendit en Italie en 1806 et y demeura jusqu’à 1824, dans une situation matérielle des plus précaires, malgré les chefs-d’oeuvre, la plupart incompris, et de ceux mime qui formèrent sa suite, qu’il envoyait aux principaux Salons. La période d’Italie fut celle de l’OEdipe, de l’Odalisque, de ces admirables portraits de la Belle Zélie. de Mine de Senones. de Mme Debançay, et de tous ces merveilleux crayons que l’on se dispute aujourd’hui à prix d’or. Revenu d’Italie, son Vœu de Louis XIII s’opposait, au Salon de 1824, aux Massacres de Scio de Delacroix. Musée du Lou>, Aigri peut-ètrc p;u von troi,sé de la popula-rité de son jeune rival, Ingres accepta le poste d’honneur que lui offrait le parti classique désem-paré et mourut en 1867. Delacroix, à la date de 1824 où ils entrèrent en concurrence n’avait, lui, encore que 33 ans. Il était né en 1798, fils d’un diplomate qui devint préfet et petit-fils d’un général de l’Empire. C’est dire qu’il reçut une éducation très soignée. Son premier Salon, nous l’avons vu. date de 1822 avec le Dante et Virgile ;Musée du Louvre), qui fut accueilli avec enthousiasme et acquis par l’Etat. Il avait connu Géricault à l’atelier Guérin et les circonstances en firent son héritier. Au Salon de 1824 qui mit face à face les adversaires, classiques et romantiques. Delacroix opposait au Vœu de Louis VIII d’Ingres, les Massacres de Scia. L’Etat, avec un large éclec-tisme, achetait cet admirable morceau, d’un pathétique si émouvant, d’une si riche couleur exotique, en méme temps qu’il donnait à l’autre rival la croix de la Légion d’honneur ; en 1827 son Marino Faliero s’opposait au Saint-S‘.n2pho-rien ; en 1831, alors qu’il exposait la Liberté guidant le Peuple (Musée du Louvre) le roman-tisme est triomphant. C’est le moment méme où le camp va se disloquer. la plupart de ceux qui s’étaient groupés derrière Delacroix rentrèrent 228