I: ART ET LES ARTISTES 101 11101’1101,1 1, 0. fisance des salles primitives à recevoir les objets que lui adressent incessamment les continuelles !buffles. Ceux de l’Acropole ont Fris place dans la pre-mière; ceux d’Olympie dans la deuxième la troi-sième renferme ceux provenant des autres parties de la Grèce. Mais que vient donc faire auprès des bronzes de l’Acropole cette statue à la silhouette étrange et d’un modernisme achevé ? N’est-ce point là l’image d’une des disettes de la Chanson Française qui eut si grande vogue, il v a quelques années, et qui. par le geste et l’expression, sut traduire merveilleu-sement la psychologie de la femme du peuple? C’est presque sa pose, son costume et sa crânerie. rendus célèbres par un des maitres de l’affiche. Pimpante et parée, elle semble se rendre au théàtre où les ovations du public l’attendent. Elle sait qu’elle est jolie et que les yeux aiment la suivre. aussi, forte de ses charmes et de son pouvoir avance-t-elle, lentement, radieuse et coquette. traînant le pas. les jambes enserrées dans l’étroite robe, la tète en avant, les coudes en arrière, dans l’attitude tant soit peu provocante et arrogante de la femme du peuple qui cherche à plaire et qui n’a pas froid aux yeux. Q’bel artiste de Montmartre a donc signé cette oeuvre vivante ? Mais par Athenà, c’est A Mena elle-même! Cette robe c’est son hima-tion, cette parure c’est son égide ! Qu’on pardonne l’irrévérence et le crime de lèse-antiquité, en faveur de la résultante critique qui s’en dégage. Pour qu’à 2.5oo ans de distance et que dans un pays tout autre que celui de son origine. ce bronze paraisse reproduire un modèle de nos jours, com-bien génial devait être le créateur de ce type de femme, de tous les temps et de tous les pays, apparte-nant à l’Athènes archaïque aussi bien qu’au Paris moderne, et qui, dans 2.5oo ans encore, vivra de sa même vie intense et universelle! Rarementl’éter-nel féminin fut servi par maîtrise semblable. D’une beauté d’un ordre tout différent est cette Tète de pugiliste couronné, découverte dans la ville où prirent naissance les Jeux Olympiques. Dédai-gneux et superbe, conscient de sa force et de sa va-leur, le puissant athlète enveloppe encore, on dirait. de son regard de proie et d’un méprisant sourire le rival qu’il vient de « tomber » et dont la mise hors de combat lui a valu la couronne. L’expres-sion énergique de la physionomie, la male vigueur des traits, cette tète décoiffée dans l’ardeur de la lutte et ceignant telle qu’elle est le bandeau triom-phateur et, surtout, ce nez écrasé. ces lèvres fendues, ces oreilles bouffies qui en disent long sur les périls de la carrière et semblent accuser les coups de poing reçus avant d’étre passé maitre 222