LES TRÉSORS DU MUSÉE D’ATI I EN ES l’humanité de Scopas. Une ombre a passé sur le front d’Aphrodite et cette ombre est traduite par une expression rêveuse, profonde, indéfinissable, trai-tée d’une main aussi hardie que légère et qui ajoute un charme de plus à la beauté de la déesse. Ce n’est pas de la mélancolie, encore moins de la souffrance. mais un vague de l’âme idéalement rendu. L’oeuvre est-elle de Scopas ? Peut-être. Elle est. en tout cas, d’un de ses élèves et l’on sait que les élèves de Scopas furent presque tous des maîtres. Qu’elle représente le dieu Mercure ou qu’elle reproduise les traits idéa-lisés d’un simple mortel, la statue de l’Hermès d’Andros découverte dans l’archipel, est une de celles qui attirent nombreuse foule. L’oeuvre. très belle, respire la grâce et l’élégance qui distin-guèrent Praxitèle et son école. Aussi est-il plus que probable que c’est là une très belle réplique d’un marbre de l’école praxitélienne. L’Hermès d’An-drus n’est. d’ailleurs, pas sans quelque analogie avec l’Hermès d’Olympie. Si le rayonnement divin qui illumine la figure de l’oeuvre de Praxitèle n’éclaire que vaguement les traits de l’Hermès d’Andros, plusieurs détails de la statue du Musée d’Athènes peuvent soutenir la comparaison avec la statue du Musée d’Olympie. Complètement nu. un vêtement jeté sur l’épaule, le dieu s’avance fier et beau, dans toute la plénitude de la force et de la jeunesse. Ce n’est pas sans quelque surprise que les yeux aperçoivent dans cette salle deux figures qu’on dirait modernes tant leur physionomie tranche avec les tètes grecques de l’époque. L’une d’elles est une réplique. l’autre un original. Cette dernière œuvre d’un excellent travail date du tvc siècle avant 1.-C. N’est-ce pasen effet une parisiennedu xvimsiècle, élégante et fine, que cette Hygée. déesse de la santé, à la coiffure relevée, aux traits empreints de noblesse, à l’expression d’une douceur tranquille et reposée ? Malgré soi l’esprit la revêt d u somptueux manteau de cour ou de la pimpante robe à paniers et la voit danser posément la pavane à Versailles ou. très sérieuse, jouer à la bergère au Petit-Trianon. N’était-ce la patine du temps qui a mis sur le marbre son empreinte de vétusté, on dirait le buste d’un modèle enlevé à Fragonard par Falconet. Si l’Hermès d’Andros a fait naitre quelques con-ph. Papayannopmelos. BUSTE troverses sur son origine praxitélienne, cette même origine est, d’un commun accord, attribuée aux Bas-reliefs de Mantinée. Il est probable. toutefois. que l’assertion de Pausanias a. tant soit peu, con-tribué à cette unanimité. L’auteur grec, après avoir parlé de la statue de Latone et de ses enfants de Praxitèle qui se trouvait au temple de Mantinée avec une Junon, une Minerve et une Hébé du même maitre. ajoute en mentionnant les bas-reliefs qui en ornaient le socle « Les Muses et Marsyas jouent de la flûte ». Or, tel est à peu près le cas, pour les trois bas-reliefs qui nous occupent. Devant certains défauts dans leur exécution, il faut éloigner l’idée qu’ils sont l’oeuvre directe du célèbre sculpteur. Il ressort, clairement. toutefois, qu’ils n’ont pu être exécutés que d’après les dessins du maitre, par ses élèves et sous sa direction. C’est d’abord la Lutte Musicale entre Marsyas et Apollon. Présomptueux, arrogant, agressif, enflant démesurément les joues, l’espèce de satyre qui fut le plus habile joueur de flûte de son époque joue du double instrument, debout, face au dieu 209