L’ART ET LES ARTISTES Ph. Papayannopmelos. LE GUERRIER NU (Arme ÉRATOS) employées pour produire, suivant la phrase imagée de Quatremère, une de ces constellations devant laquelle s’éclipsent les simples étoiles de l’art n. Voici le grand Relief d’Eleusis. qui peut titre considéré comme le dernier chef-d’oeuvre de l’épo-que archaïque et le premier chef-d’oeuvre de l’époque classique. Combien la scène en faisant l’objet est traitée simplement. Quelle pureté dans la concep-tion, quel fini dans l’exécution ! Quelle religiosité surtout ! Les époques suivantes égaleront ce senti-ment religieux, mais ne le surpasseront pas. C’est que, ce sentiment fait partie intégrante de l’art archaïque. Si la divinité qui n’était qu’un emblème chez les Egyptiens est dejà devenue création chez les Grecs, bientôt les dieux perdront dans le marbre un peu de leur essence divine en faveur de la vie qui les rapprochera de l’humanité. Or c’est préci-sément l’hiératisme de ce bas-relief qui en fait un chef-d’oeuvre incomparable. Dix-neuf siècles plus tard Fra Angelico seul retrouvera, pour la gloire du Christ, cette inspiration pure et naïve, fervente et pieuse. C’est à la gloire de ses dieux que l’artiste grec a taillé ce marbre où chante une des premières strophes du poème de la vie le poème des blés. Déméter (Cérès) dévoile à Triptolème le secret de la culture qui nous donne le pain. devant Perséphone 1Proserpi ne ■ sa fille, témoin de cet enseignement néces-saire à la vie du Inonde. Joignant l’acte à la parole, la déesse des moissons remet au jeune roi d’Eleusis les premiers épis de froment. Je ne parlerai que par acquit de conscience d’une nouvelle version qui prétend voir dans le jeune homme le roi fabuleux de Mégara, Nvosos. auquel, d’une part, Cérès remet l’anneau d’or, emblème de la puissance, tandis que, d’autre part, Proserpine lui enracine dans la tête le fil d’or, symbole de la sagesse. Quoique mutilée en partie l’Amacone d’Epidaure pré-sente pour le corps et le vête-ment qui le recouvre un si bon état de conservation qu’il n’est guère possible de la passer sous silence et de ne pas la placer au premier rang parmi les sculptures et fragments. admirables et nombreux, mais trop abimés, décou-verts en même temps qu’elle au temple d’Esculape, à Epidaure. Elle devait, sans doute, figurer une des guerrières qui, au fronton occidental, prenaient part au Combat d’Amacones. Quelle fougue dans cet être qui s’élance à la victoire ou à la mort. Le corps tendu, labourant la crinière du cheval, les jambes serrées, tenaillant le poitrail du coursier, l’Amazone ne parait faire plus qu’un avec sa monture tant son indomptable ardeur s’est communiquée à l’ardente bête. Un bras tenant la lance, l’autre dirigeant sa course. elle vole dans la mêlée sanglante. L’élan impé-tueux double la violence du vent qui fait gonfler la légère tunique, la soulève et s’engouffre en ses plis. Avec quel art heureux, il est fripé ce vêtement. Il vit sur l’Amazone, il fait partie de son être, tant il semble traduire les pensées promptes comme l’éclair qui l’assaillent au cours du combat. Après cette vision toute de mouvement, quelle joie pour les yeux de se reporter sur la Tête d’Aphrodite calme, sereine, ayant. pour ainsi dire, conscience de sa souveraineté. Découvert au temple d’Esculape. à Athènes. ce marbre est l’un des plus beaux du Musée. : la pureté phidienne il joint 208