L’ART ET LES ARTISTES Ph. Papayannopoulos. L’AMAZONE D.F:PIDAL NE tecture sobre et légère à la fois, on a bien l’impression de se trouver devant un temple. L’ordre et la précision qui ont inspiré cette façade se retrouvent à l’intérieur de l’édifice. Le musée n’est qu’un immense rez-de-chaussée. L’entrée mène à une galerie qui se compose de quatre salles. L’une d’elles sert de vestibule, les trois autres sont affectées aux antiquités mycé-niennes et orientales. A droite et à gauche de cette galerie se placent les deux ailes de la bàtisse. Cha-cune de ces ailes comprend une grande cour inté-rieure autour de laquelle sont disposées les salles. Les dix grandes salles de l’aile gauche et trois grandes salles de l’aile droite renferment les marbres. Les autres grandes salles de l’aile droite sont affectées principalement aux vases peints et aux terres cuites. L’une d’elles contient la collec-tion des objets que M. Carapanos découvrit lui-mème à Dodone, en Epire, en 1875-1876 et à Canoni. à Corfou, en 1889, et dont il fit magnifi-quement don au musée. Trois salles, tout au fond, construites après coup, se suivant l’une l’autre dans la direction et le prolongement de la galerie cen-trale, sont consacrées aux bronzes. L’ordre méticuleux, le classement raisonné, les groupements synthétiques, qui président à l’orga-nisation de toutes ces galeries ont puisé leur méthode dans une entente artistique si savante et à la fois si rationnelle qu’on peut hardiment pro-poser le musée d’Athènes en exemple aux autres musées d’Europe. Tout y est disposé de si logique manière qu’un profane même, sans grandes notions artistiques, peut, rien qu’en parcourant ces salles, suivre la lente et radieuse évolution de l’art antique. C’est. du moins, l’impression que j’en éprouvai lorsque, en 1909, je visitais Athènes et le Musée National. Tel un voyageur qui, par la vue mème des lieux qu’il parcourt, grave, indélébilement, dans son esprit, un à un les sites d’un itiné-raire longuement étudié, mais toujours désappris par la mémoire incertaine, ainsi, en parcourant ces salles, j’incrustai, par les yeux dans la pensée. une à une, les étapes du voyage d’art, fait maintes fois dans les livres, niais qui toujours imprécis se présen-tait à mon imagination. Aussi puis-je hau-tement affirmer que quelques visites au Musée National constituent une suite de leçons des plus belles et des plus profitables que l’on puisse jamais recevoir. J’en appelle au témoignage de tous ceux qui ont franchi le seuil du musée, j’en appelle, surtout, au témoignage de M. Salomon Reinach qui, après avoir visité ce musée, en 1893, écrivait les lignes suivantes dans la Revue .Archéologique de la même année (page 237) : « Je n’avais pas vu le musée d’Athènes depuis « 1882. C’était vers la fin de l’époque d’Eustratia-« dis, de ce que M. Michcelis a dénommé •• l’épo-« que des Invalides « . En dix ans, M. Cavvadias a « obtenu des résultats qui m’ont frappé d’admi-« ration. Non seulement les musées athéniens se « sont considérablement agrandis. par suite des « fouilles heureuses que l’on a entreprises ou « laissé entreprendre sur tant de points, mais leur « physionomie intérieure s’est transformée, leur « organisation est devenue tellement parfaite que « je n’en connais pas, dans toute l’Europe, de « mieux arrangés. Le Musée national et celui de « l’Acropole devraient être aujourd’hui des lieux « de pélerinage pour tous ceux qui sont accessibles « à l’émotion esthétique. M. Cavvadias peut ètre « fier de ce qu’il a fait. » IV. L’ART PRÉHELLÉNIQUE LA SALLE MYCÉNIENNE Lorsqu’en 1874 le transfert des marbres eut lieu dans l’aile gauche du musée, la collection d’an-tiques offrait un ensemble assez complet et non interrompu d’ceuvres des quatre époques de l’art grec proprement dit. Toutefois, faute de documents 196