L’ART ET LES ARTISTES loin d’atténuer leurs qualités natives, les exalte encore. On sent que, devant leur cuivre, ils ne travaillent que pour eux, pour leur distraction, leur délassement, ou pour chercher dans ce moyen d’expression plus austère et plus aigu, une forme plus serrée de leur pensée. a On ne saurait exprimer avec plus d’exactitude l’impression éprouvée à regarder toutes ces réduc-tions de tableaux, si intenses, si animées. On y sent la liberté absolue de la main de l’artiste, enfin délivré de toutes les préoccupations mesquines de commande ou de vente. Et puis, le procédé lui-même n quelque chose de tellement probe, de tellement pur, que la plus belle peinture parait, en la gravure seule qu’il confia tous ses rêves, toutes ses hallucinations. Mais elles sont si étranges, si intenses, si belles, ces hallucinations, que les voilà devenues immortelles à l’égal des plus célèbres toiles des maîtres. Nous en reproduisons ici deux des plus caractéristiques. TROISIEME EXPOSITION DE L’ECLECTtQUE (Galerie des Artistes modernes,d 9, rue Caumartin).— Presque pas de peintres dans ce petit salon presque entière-ment consacré à l’art décoratif. Mais les tableaux de M. Marcel Roll suffiraient à une exposition. On dirait qu’à chaque tentative nouvelle cet artiste de-vient plus lumineux et plussensi ble. Printemps, Dans MÉRYON — L’ARCHE DU PONT NOTRE-DAME (RAP-rower) comparaison, quelque chose d’excessif, d’artificiel. La gravure, c’est la méthode même de la pensée et de l’émotion, sans aucun élément d’altération. Cette exposition est pleine de merveilles. Barye et Bonington, l’étonnant Bresdin et le doux Chas-sériau, le suave Corot, le sensible Daubigny, lèpre Daumier, le grand Delacroix, le subtil Jongkind, le désuet Tony Johannot, et tant d’autres, et Hervier, Paul Huet, Ingres, Charles Jacques, Decamps, Nanteuil, Raffet, et ces deux grands hommes qui s’appellent Millet et Corot, et dont on ne sait qui fut le plus tendre, ils sont tous là, assemblée idéale des dieux de la peinture française moderne. Mais le plus étrange et le plus beau de tous, c’est encore Méryon. Car celui-là n’eut pas pour se consoler les joies de la peinture. C’est à les Herbes, Le Bouquet et La Terrasse, autant de toiles pour ainsi dire imbues, transpercées de lumière. Je ne crois pas qu’il soit possible d’en mettre une vibration de plus. Mais j’ai aimé entre toutes un minuscule tableau appelé : La Petite Perle, d’une simplicité et d’une délicatesse d’exécu-tion vraiment adorables. Parler encore des grès de M. A. Bigot est super-flu, ainsi que des sculptures sur bois de son homo-nyme M. Raymond Bigot. Il faut apprécier l’art très distingué de M. Loys Brachet dans ses vitraux, les translucides pètes de verre de M. Datmnouse, les vases sérieux et probes de M. Jean Dunand. Exquis et fort bien établis, les dessins de M. Constantin Ganesco, ainsi que ses statuettes de bronze et de cire (fragments des 227