L’ART ET LES ARTISTES SOCIÉTÉ ANGLAISE DES ARTISTES GRAVEURS-IM-PRIMEURS D’ESTAMPES ORIGINALES EN COULEURS (Hôtel des Modes, sj, rue de la Ville-Lévéque). —Cette coquette exposition a eu un grand succès. C’était d’ailleurs la première fois que l’on assistait à une tentative de ce genre; elle a pleinement réussi et nous avons pu nous rendre compte des qualités si précises et si précieuses de la gravure anglaise, en face de tant d’oeuvres, de petite di-mension et d’exécution si soignée, bois ou métal indifféremment. Le triomphateur c’est M. Théodore Roussel, qui est le président de la Société et un artiste de très grand talent. Sûr de sa technique au point de jongler avec les difficultés, il peut se laisser aller aux sollicitations les plus violentes de son imagi-nation et ne. tien fait pas faute. Il aime les surprises et la virtuosité. On a particulièrement admire de lui La Mer à Bognor, La à l’Éventail, un adorable morceau de nu intitulé L’Eté, des fleurs présentées ejis des vases de Chine et entourées des plus ingénieux cadres et ce tour de force Une Fenôtre vue à travers une Fendre. M. Lucien Pissaro se révèle un illustrateur re-marquable et subtil dans La Reine des Poissons, Les Chansons de Ben Jonson, Les Estampes nouvelles. De Mabel Lee Hankey, une très jolie fenêtre enguirlandée de vignes vierges, quelques intérieurs avec portraits et un pierrot. De M. Marion, La Fille du Meunier et une Nuit d’Eté à Bruges. M. Sydney Lee est un artiste bien personnel et qui compose bien originalement ses motifs. Il ne faut oublier ni M. Mathilde de Cordoba, ni M. Lee Hankey, ni MM. Raphaitl Roussel, Laurenson (Milbank et Chersea), Alfred Hartley, Allen.-W. Scaby, Mackie, etc. Citons, enfin, Le Poteau indi-cateur, de M. Charles H. Mackie; Les Harpies, de M. Battes ; La Montagne, de M. Morley-Fletcher, et les oeuvres de style serein de Austen Brown. EXPOSITION Louis BAUSIL (Galeries J. Molenx, 68, boulevard Malesherbes). — L’art de M. Bausil, un peu lourd au premier aspect, apparaît plus sympathique cependant à un examen attentif. C’est la matière employée qui est épaisse, inerte même, comme celle de Cézanne, le maitre désastreux de tant de jeunes artistes. Fort heureu-sement, l’oeil n’a pas été touché par la théorie. Il est resté délicat et même raffiné, malgré les volon-tés de la composition, trop simplificatrice, malgré les insuffisances du dessin. Il y a tant de subtilité secrète dans la manière dont M. Bausil discerne et rend la lumière solaire, que cette qualité essentielle fait disparaître tous les autres défauts et que l’on se sent malgré tout en présence d’un peintre. On devine aussi que le jeune artiste est un patient et un laborieux, et qu’un jour il rejettera de lui-même, sans effort et tout inconsciemment, les entraves qui le gênent. Sa technique n’est pas d’accord avec sa vision : elle est faite pour des gens qui ne peuvent rien voir, et lui est tout instinct. Du reste, dans cette exposition déjà si riche et si variée, nous pouvons admirer sans restriction un grand nombre de toiles, notamment celles qu’il a faites à Llansa (petit port d’Espagne). Vraiment, il me parait difficile de mieux exprimer la torpeur silencieuse, l’abandon, le calme ensoleillé d’une minuscule cité maritime et méridionale. Un tel résultat est obtenu uniquement par l’amour et le respect de la lumière. Mais que ne peut-on rêver d’obtenir ainsi ? Il y a aussi de fort jolis paysages : des collines d’oliviers, des plaines, des mers lourdes contre leurs rivages. M. Louis Bausil est avant tout sincère et travailleur. Lorsqu’il se trompe, au moins ne l’a-t-il pas fait exprès; lorsqu’il se réa-lise, il est émouvant. 28., EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ INTERNATIONALE DE PEINTURE ET SCULPTURE (Galeries Georges Petit, 8, rue de Sé;e). Rien de particulièrement sai liant, cette année, dans cette exposition, si l’on en excepte les envois de MM. Félix Borchardt, J.-F. Bouchot., Rupert Bunnv (surtout Le Roman), Alexander Harrison, William Laparra, Frédéric Lauth, Al ber tLynch, Robert Mac-Cameron, Saint-Germier(Masques et Le Cardinal), RaymondWoog. Il faut mentionner, d’une façon toute spéciale, Miss OCéallide, de M. Ramon Casas, portrait d’une élégance et d’une distinction de couleurs tout à fait remarquables; deux intérieurs, d’uni sentiment profond, de M. J.-H. Lorimer, et quatre paysages espagnols, de M. Jules Pagès, pleins de lumière, de finesse et d’observation délicate. A la sculpture, d’importants envois de MM. Paul Landowsky, Théodore Rivière et Herbert Ward, dont l’éloge n’est plus à faire. SOCIÉTÉ DES PEINTRES-GRAVEURS FRANÇAIS. —PREMIÈRE EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DE PEINTRES-GRAVEURS I. DE PAUL HUET A JONGKIND. —(Galeries Devambtz, 4L, boulevard Malesherbes.) Il ne manque que la couleur, à ces minuscules estampes, pour être de parfaits et complets tableaux. Que dis-je? elle ne leur manque même pas. Car tous ces peintres mettaient autant de cou-leur dans une feuille de papier couverte de lignes noires que sur une toile peinte. Dans une phrase de la préface du catalogue, M. Léonce Bénédite dit une chose tellement juste, que je ne puis me défendre de la citer tt Le travail libre de l’estampe, 22 X