L’ART ET LES ARTISTES quand il eut décidé d’augmenter l’ameublement des palais et de rendre à ces résidences l’éclat qu’elles avaient perdu sous le règne précédent. Un inspecteur du mobilier se tenait en perma-nence à l’Hôtel des Ventes, et guettait les objets qui correspondaient au signalement des anciens inventaires ou paraissaient provenir des cluiteaux royaux ou des hôtels confisqués à des émigrés. Pour des appréciations de ce genre, l’examen du « style » ne suffit pas, « le style d’une pendule ou d’un bronze n’étant pas toujours en concordance avec l’époque de sa fabrication ». Par exemple, on n’a commencé à faire des pen-dules Boulle, dans le style Re-naissance, qu’au milieu du règne de Louis XIV, et on en a fait pendant tout le xviii° siècle. Dans les der-nières années du règne de Louis XV on a fait «du Louis XVI », et sous l’Empire, on a continué à fabriquer « du Louis XVI », Il ne faut pas non plus, devant un chef-d’œuvre, prononcer au hasard un nom illustre. A une époque où la tradition était si pure, où le goût était si répandu, on s’expose à dé-couvrir chaque Jour des noms ignorés d’artistes qui ont exécuté des œuvres admirables. C’est ainsi qu’on a vraisemblablement attribué à Percier et Fontaine, peut-être même à David, des travaux exécutés entre 1780 et 1790 par Démosthène Dugourc. Qui connaît Dugourc Démosthène ? Et cependant, il y a à Lyon, chez. MM. Chatel et Tassinari, les soyeux bien connus, toute une collection de croquis de meubles signés de Dugourc, qui ont dû inspirer Percier, Fontaine et David. Il a dû se passer en art ce qui se passe chaque jour en littérature : des gloires de boule-vard accaparant à elles seules, résumant en quelque manière par leur nom qui devient une formule commode et usuelle, les tendances et les aspirations de toute une série de talents méconnus et cependant utilisés. Ainsi, par exemple, de la fameuse lanterne en bronze ciselé qui se trouve au Petit-Trianon et que jus-qu’à ce jour on a attribué au célèbre Gouthière. Pourquoi à Gouthière? par le simple, mais insuffisant examen du style. M. Dumonthier va aux archives, et, à la cote (0,555) il trouve que cette pièce a été commandée le 9 juin 1911, par l’Intendant général des Pa-lais impériaux, et livré au gardé-meuble le 18 no-vembre de la même année par Lafond, demeu-rant à Paris, 2, rue de Casti-glione, qui la facture 5.5oo francs. Ce sont là des considérations générales, fort capables de nous suggérer des mé-thodes plus ri-goureuses pour l’histoire de l’art. Je ne puis entrer dans le détail et décrire chacune des pièces qui sont reproduites dans l’étude que je signale à mes lecteurs. Le garde-meuble national est décidément trop riche, et je nie réserve dans d’autres articles de faire connaître aux lecteurs de L’Art et les Artistes, ce qu’il contient de chefs-d’œuvre presque ignorés. Pour l’instant, je ne veux retenir que les pendules LEPAUTE, ONCLE ET NEVEU (COMMANDÉE EN L’AN Minislére dr jusluc — ••■’ DIBUTADE DESSIN ,NT NU PAR NAPOLÉON POUR LA DÉCORATION DU PALAIS DE RTL:MINIER) 221