L’ART ET LES ARTISTES use FEMME onco»-no et racé la charmante maigreur de la Fille au Pur-sang, qui enfonce et enfouit sensuellement ses mains dans la fourrure d’un impérial levrier russe. Et la Fille an Violon et Madame Pros, et l’Amour, et la Toilette, et rEdaration, et le Sema, et la Penture au Perroquet, et la Femme à la Souris, ces figures n’exercent sur nous tant d’attrait que parce que les faits qu’elles représentent et les formes qu’elles revêtent sont comme pénétrés du fluide de joie que leur a communiqué en les pétrissant, les mains de l’artiste, sont toutes frissonnantes de vie lyrique, tout en demeurant vraies, car si ces faits et lettes formes ne portaient l’empreinte de la vérité, leur réalisation plastique ne parviendrait point à nous émouvoir. Il est mille façons chaque artiste véritable a la sienne — d’étre vrai, et les poètes sont encore ceux qui, avec leur instinct divinatoire, nous fournis-sent sue les vérités de la nature et de la vie les plus éclatantes et les plus utiles révélations. Le malheur est qu’il v ait aujourd’hui tant de faux poètes, ce qui revient à dire tant de faux artistes qui ne savent pas où l’auraient-ils appris ? que la poésie est un art et que l’art et la poésie sont une seule et même chose. Ils galvaudent ainsi le don le plus sublime que l’homme ait reçu des puissances sou-veraines tic la vie : l’inspiration, et comme ils sont des poètes et des artistes de mensonge, ils répan-dent à travers les foules le goût d’une poésie et d’un art de mensonge. J’ai dit que Liber° Andreotti était un lyrique. Point n’est besoin d’étudier de près ni en détail son oeuvre pour s’en convaincre; une seule de ses oeuvres suffit pour donner une idée de sa puis-sance de lyrisme cette Ferla devant laquelle j’ir-rêtais tout à l’heure votre attention. Mais ce n’est là, j’ose l’affirmer, pour ce travailleur énergique et que possède un démon, qu’un point de départ. A mesure que s’assouplit, se perfectionne, s’enrichit par la pratique constante et en triomphant chaque jour de difficultés nouvelles, son métier, à mesure que sa main devient plus habile à fixer le frisson de la vie, son rêve s’élargit, son idéal s’élève. Il a l’ambition haute de mêler à la figure humaine des représentations des forces naturelles, de faire parti-ciper le corps humain aux joies infinies et aux tourments de la vie universelle, à réaliser plastique-ment la fusion des formes humaines et des formes animales et végétales; il entrevoit de frissonnants poèmes de marbre ou de bronze à travers lesquels passerait, dans lesquels s’incarnerait l’âme éternelle de la mer, du vent, de la montagne, de l’eau, des arbres, des bêtes… Libero Andreotti, on le voit, a de grands rèves. Peut-étre ai-je eu tort de les révéler… Je devine aux lèvres de cer-tains le sourire glacé du scepticisme… Non, je n’ai pas eu tort : l’on verra chez Bernheim le Miracle qu’il vient d’achever et au Salon de la Société Nationale, l’Arbre auquel il travaille, et il faudra bien que l’on contienne que ses rèves, ii est capable, si grands soient-ils, de les ma-térialiser. GABRIEL. Mourut. 217 L’ENFANT A L’ESCARGOT