L’ART ET LES ARTISTES solitudes, en plein ciel, d’un sommet, une transfi-guration; au dos et au bras de l’éphèbe, en qui est entrée la folie sainte de l’idéal, il pousse des ailes; contre les muscles qui saillissent et se tendent dans un effort pour se dégager de la gangue à laquelle il est encore lié, des plantes naissent, grandissent, se renforcent. L’Esprit sera-t-il assez puissant pour triompher de la Matière ? tout le corps est bandé vers le ciel, de tous ses nerfs, de toute sa chair, il aspire, il aide à sa déli-vrance, et la face, rejetée en arrière, est comme Hlumi-née d’espoir, d’un espoir presque douloureux, de la peur de l’inconnu, de l’angoisse de l’An delà. J’entends quelqu’un me dire : c Que le statuaire ait voulu faire exprimer à sa statue tout ce que vous trouve, qu’elle ex-prime, je ne sais; que pour d’autres elle signifie autre chose, il se peut, et cela, d’ailleurs, est d’intérêt tout à fait secondaire ; ce qui importe seul, c’est qu’il ait accompli une oeuvre de sculpture forte et belle; nous y mettrons ensuite ce que nous voudrons y mettre, chacun selon notre imagination et notre fan-taisie. n Je connais par coeur ce refrain ; depuis quelques années, nous en a-t-on assez rebattu les oreilles! nous l’a-t-on assez ressassée, cette néfaste théo-rie de la non-importance de ce que représente une oeuvre de peinture ou de sculpture et de la supério-rité des oeuvres qui ne veulent rien dire sur celles qui veulent dire quelque chose; c’est au nom de ce principe qui rabaisse l’art à n’être plus que le plus bas des métiers que nous voyons quotidiennement de braves gens dont le seul souci est de ne point paraître rétrogrades, dont l’unique ambition est de passer pour être de l’avant-garde c, hausser les épaules quand on se permet sic prononcer devant eux le nom d’un Gustave Moreau, d’un Burns.- Jones, d’un Puvis sic Chavannes, d’un Millet. Il faut les entendre se récrier ,, Ce ne sont pas des c je ne serais pas surpris qu’ils disent devant les oeuvres de Libero Andreotti qu’il n’est pas un sculpteur. Jamais Rodin n’a remporté de plus grands succès dans certains milieux que lors-qu’il a exposé des tronçons de statues. Mais laissons cela… Je disais tout à l’heure que ce qui me paraît être le trait essentiel de la personnalité dont nous nous occupons, c’est le sens de la volupté des choses. Je le trouve partout répands, dans Peruvre déjà nom-breuse d’Andreotti ; ses figures l’ont toutes dans leurs nerfs, dans leurs muscles, dans leur sang. C’est le sens de la volupté, l’obscur instinct de la joie sensuelle des choses qui courbe vers la terre la nymphe de la Chevauchée de Bacchus que le jeune dieu conduit par les che-veux sur les pentes pier-reuses de la montagne de Nysa et qui ralentit dans sa marche celle sur le clos de laquelle renversé, les membres ouverts et se cramponnant des pieds aux flancs polis, le fils de Sémélé s’amuse à presser une grappe mûre : c’est lui aussi qui, sous les apparences d’un séduisant démon aux ailes puis-santes, fait se pâmer d’an-goisse et d’espoir la jeune fille du Péché de la Chair… Ah! le bel abandon, pres-que, de son corps tenté ! C’est lui encore qui in-cline si gracieusement vers les doigts qu’elle lui confie, d’une beauté en toilette de bal, le petit faune sil, Baise-Main, et inspire au gamin chèvre-pied le geste charmant avec lequel il pose de ses mains audacieuses et tremblantes une couronne de roses sur les cheveux de la fillette au cerceau : Erns et Psyché! C’est lui toujours qui rythme si harmo-nieusement les pas de la l’ennui’ qui marche et donne tant de grâce et de souplesse as, corps gracile de la Fillette art Lé;ard; les Parques elles-mêmes, que le statuaire, rompant avec la tradition a représentées sous la figure de belles jeunes femmes, c’est le sens de la volupté qui a réglé leurs attitudes, modelé leurs formes amples et délicates, comme é a affiné FENINE Au vis sl.ON (1)1,0)./1) 216