L’ART Er LES ARTISTES autre ville de la péninsule Rome a nourri le goût de l’emphatique et de l’excessif, Florence, par contre, n’a jamais connu les tares de la décadence, Florence a conservé intact l’héritage que lui avait légué le xvlf siècle, et ne pourrait-on pas soutenir que quelques-uns des trésors les plus précieux de cet héritage ce sont les statuaires français du xvinf siècle, Bouchardon et Falconet, Pajou et Clodion, Pigalle et Houdon, qui les ont recueillis? Chose étrange encore à noter le peu de profit que les artistes italiens de nos jours tirent des miraculeux exemples de beauté parmi lesquels ils vivent, alors que chez nous, par exemple, la grande école de peinture décorative, qui s’honore d’avoir eu pour chef l’auteur du Bois SmW, doit d’être ce qu’elle est aux leçons de l’Italie. Liber° Andreotti a donc eu doublement raison de venir se fixer à Paris. Ceux qui ont suivi de prés, depuis deux ans, les efforts qu’il a joyeuse-ment et méthodiquement faits pour développer en lui, tout en les disciplinant, ses dons, savent de quels bénéfices il est déjà redevable à son séjour parmi nous. Au surplus, tous en pourront juger bientôt, de male que tous subiront l’étrange et forte emprise d’une oeuvre et d’une personnalité en présence de laquelle il me semble impossible de demeurer indifférent, par laquelle je doute que l’on ne se sente pas aussitôt conquis. LtICEITo1.1, iii1r AIRE UNIQUE n CIRE PERDUE) 215 LES TROIS PARQUES (vtoszà) Sa dominante, c’est le sens le plias aigu et le plus délicat, le plus pénétrant et le plus ardent de la volupté des choses. Vous reconnaissez là le flo-rentin un Agostino di Duccio, par exemple, qui, à Rimini, pour célébrer les amours et la gloire de Sigismond Malatesta et de la divine Isotta, modèle aux piliers de leur temple, parmi des envolements de draperies, parmi des battements d’ailes, des effeuillements de pétales et des enroulements de guirlandes, tout un peuple de génies et d’anges, de mati et de déesses, qui dansent, chantent, font de la musique, comme ivres d’une joie diony: siaque, symbolise au milieu de décors étrangement évocateurs les signes du Zodiaque, les Saisons, les Arts libéraux, ressemble enfin à un jeune dieu lâché à travers la nature qui raillasse de ses mains avides toutes les beautés dont elle regorge pour en créer un monde nouveau où il se survivra à jamais radieux et puissant, y ayant versé toute son âme passionnément lyrique. Je démêle dans l’oeuvre d’Andreotti qu’une force analogue, au fond, la vivifie, cette espèce d’exalta-tion, cette sorte de délire. Rappelez-vous, par exemple, la Vain, la Cime, qu’il exposait au der-nier Salon de la Société. Nationale. C’est dans les