UN SCULPTEUR FLORENTIN MODERNE LIBERO ANDREOTTI BIEN qu’il ne soit pas né à l’ombre lumineuse du campanile de Giotto, mais dans cette charmante petite ville de Pescia, qui voisine avec Lucques et avec Pistole sur la route de Pise à Bo-logne; bien qu’il n’ait pas joué enfant sous les arceaux de la Loggia dei Lanzi, je doute qu’aucun des grands sculpteurs florentins du xlv’ et du xv’ siècle me reprocherait de lui donner Libero An-dreotti pour compatriote, car florentin il est, de tempérament et d’instinct, d’éducation et de goût, d’intelligence et de sensibilité. C’est dans l’intimité de Michelozzo et de Mino da Fiesole, de Desiderio da Settignano et d’Agostino di Duccio, de Rossel-lino et de Sansovino qu’il a appris son métier et il a respiré, au moment de sa formation, le souffle du îî réalisme épique n du grand Donatello (le mot est de M. E. Bertaux). Du a bel San Gio-vanni » à Santa Croce, du cloître de San Marco au choeur de Santa Maria Novella, d’or San Michele aux tombeaux des Médicis, à travers le jardin aux fleurs miraculeuses qui, durant trois siècles, ont fleuri là pour embaumer le monde, dans le verger enchanté qui s’étend sur les rives de l’Arno depuis les pentes de San Miniato jusqu’aux hauteurs de Fiesole, Libero Andreotti a respiré le parfum de toutes les corolles, goûté la chair savoureuse de tous les fruits, s’est empli les yeux de toutes ces images de joie, de volupté, de recueillement, de beauté… et l’on sent qu’il en demeure enivré et enfiévré pour toute sa vie. Andreotti a à peine dépassé la trentaine : il est donc, dans toute l’accep-tion du terme, un jeune et un vrai jeune. Ayant quitté à dix-huit ans sa ville natale pour gagner son pain quo-tidien, il se rendit à Palerme où, pendant trois ans, grâce rn vi,TTA 2t2