L’ART ET LES ARTISTES toquet à plumes négligemment enfoncé sur la nuque, plus soucieux encore en son riche manteau de velours à revers d’hermine, nous dit du moins son secret dans la devise grecque arborée à sa coif-fure : e Hélas, je désire trop! » où les commenta-teurs, selon leur tour d’esprit, voient un désir amoureux (pour Giulia Pozzo, ou Potho) auquel cas le modèle serait Giacomo Gromo de Termengo, qui l’épousa plus tard, ou un projet de vengeance sur les assassins de son père, ce qui ferait de lui le comte Martinengo. C’en est assez pour marquer le grand air, l’expression profonde des figures de Moretto, prises dans la réalité. Aucune corde ne manque donc au clavier de ce grand artiste ; la hantise et les espérances de la vie éternelle, les ambitions et les soucis de l’existence terrestre, les spectacles de beauté pure qui font patienter les unes et adoucissent les autres —quand ils n’en sont point la cause, — voilà les thèmes de méditation qu’il nous propose, non sans nous en détourner çà et là, à son insu, par l’admiration toute pure de sa maîtrise. HENRY M A RCEI, M R A DEL FAN E AUX PIEDS DU CHRIST 204