LE MOUVEMENT ARTISTIQUE A L’ÉTRANGER îles les moins visitées, non seulement Elbe, mais Piano., Ponta et Monte-Christo. Il haute les rivages déserts d’Ostie et d’Astura voila pour sa lumière. Les monts Albains, les lacs tranquilles dans les cratères éteints lui donnent leurs mélancolies, leurs profondeurs opaques et leurs jours gris. Et puis il est peintre des hivers resplendissants de l’Alpe bavaroise comme de l’Apennin bridé. M. Benn° Becker chante l’automne des villas abandonnées de Toscane et des terrasses du lac de Came. Les bagni di Lucca lui ont offert une contrée montagneuse de la plus pathétique irrégularité de lignes et dont les contrastes heurtés se sont savamment accommodés de ses façons silencieuses et calmes. Aux envi-rons de Bologne encore, il a fait sien un très spécial Apen-nin ravine et propice au brigandage. Une certaine monotonie, au premier abord, résulte d’une façon bien à lui de composer, invariablement appliquée à tous les motifs. Il craint deux choses : donner au ciel beaucoup d’espace et aux avant-plans beaucoup de solidité. Son ceil sans doute de presbyte est ainsi fait que tout se brouille et fond en vapeur de ce qu’il immédiatement sous ses pas; on dirait qu’une brume de malaria passe jusqu’à hauteur de ses genoux. Puis les choses s’affermissent, arbres et murs, rochers et bois de chènes verts, et sur un ensemble sombre et poignant dans la grande simplicité de ses éléments, niais dans l’extréme com-plication et mème confusion des lignes, un ciel tragique repose. Un ciel on les mauves et les hortensias passés des soirs italiens prennent une signification de deuil et de désastre. Déjà la terre dort que le ciel en hère semble em-baller pour le lendemain et un autre endroit ses agitations d’aujourd’hui. Evidemment, pour M. Boum Becker, tout n’est pas bon à peindre comme pour M. Urban, dom la grandiloquence sans appréts est àaise devantn’importe quel motif. Mais il ne craint pas desson éléments modernes parfaitement inattendus et dont on peut dire qu’il réduit le tintamarre bariolé au silence morose et passionnément solitaire de son art; une procession, bannièreaux vents du soir, u. féte foraine, une baraque de bateleurs dans la mélancolie d’un terne après-midi de dimanche. A l’Italie opulente et parée de ses con-frères d’outre-monts, heureuses natures méridionales dont les œuvres chantent les trie de Verdi et de Boito, lui, oppose dans ses rares tableaux diurnes cette tristesse singulière des verts de rizières et d’olivaies, et si de tes villages. lointains il monte vers ses ciels bigarres quelque déchirante clameur d’orgue de Barbarie, on le sent d’autant mieux isolé, lui, dans la campagne comme exclu à tout jouais par sa qualité d’étranger, des joies infinies du village. Il est le premier à avoir noté certains verts, à la fois intenses et fades, de l’Italie printanière sous la pluie et il est le premier à s’ètre avisé du rose étrangement mélancolique des grandes usines aux murs de briques dans la banlieue de ces villes de marbre et de soleil, de bronze doré et de vie grouillante. Les adorables pages récemment exhumées par le biseaute de France de Marceline Desbordes-Valmore, exilée et misé-se dans Milan, nie sont revenues n l’esprit devant ces tableaux halle. d’un modernisme si désenchanté. Feuilleter par exemple les belles monographies de Mantoue ou de Génes par MM. Suida ou Selwyn Brinton, celles éditées chez Seemann à Leipzig, et passer de toutes ces somptuosités l’Italie industrielle entrevue par M. Becker dans ses plus récentes tenures, évoqueaussitôt le charme d’amertume du rameau d’aubépine coupé avec les dents et qui vous secoue sa pluie dans la figure. WILLIAM Rn,. ANGLE pneu comprendre l’état actuel de la peinture en Angle-. ere, il faut toujours se rappeler que nous ne possé-dons, à Londres, ni Grand Palais ni quatre Salons. Nous avons dix mille artistes, les étudiants non compris, et notre salon officiel, l’Académie Royale, ne peut exposer que deux nulle œuvres, dont chaque membre de l’Académie a le droit d’exposer six. Les autres sociétés, â une seule exception près, sont beaucoup moindres; les plus importantes ne peuvent exposer qu’environ quo toiles. Cette explication est absolument nécessaire avant d’exa-miner cette exception, la seule société — l’Académie royale à part — qui puisse montrer quinze cents œuvres ou plus dans une exposition. On peut donc admettre que le Salon de Londres de l’Allied Arlisls Association, malgré son intention de permettre aux artistes de soumettre leurs ceuvres libre-ment au jugement du public, est bien autre chose que le Salon des Indépendants Paris. Au Royal Albert Hall, la vaste rotonde où ont lieu les expositions de