Le Mois Artistique EXPOSITION RENÉ SEYSSAUD (Galeries &enfuira jeune et C., t y, rue Richepance). — M. René Seyssaud n’a point voulu qu’on pût dire de lui qu’il n’évoluait pas; qu’il s’immobilisait dans une manière. Et il a tenté de donner d’avance tort à cette accusation, en étendant le domaine de ses sujets. C’est pour-quoi à ce petit empire de la Provence, où il est si bien maitre, il a décidé d’adjoin-dre la Bretagne, de la même manière qu’à la nature morte il a ajouté la figure. Pour moi, je n’aurais pas été de ceux qui lui eussent reproché de rester toute sa vie fidèle à ses première, amours. J’estime qu’une existence en-tière d’artiste peut-être consacrée à un unique objet. Le pl us petit coin de nature n’a jamais fini de li-vrer ses secrets et une technique n’est jamais si bien possédée qu’on ne puisse rêver de l’approfondir encore. Mais M. René Seyssaud a tout de même voulu étendre ses inves-tigations. Il a surtout prouvé qu’on ne sort pas de soi-même et il a interprété par exemple la Bretagne avec la même force, le même sens des masses, la même simplification violente et personnelle, la même saveur de coloris, populaire et pimentée, qu’il apportait à son interprétation de la Provence. Seulement, et c’est là qu’il se montre authentique paysagiste, il a fait servir tous ces dons à une évocation si différente qu’on ne peut vraiment pas confondre, que devant une de ses toiles on devine tout de suite où l’on est. Ainsi la Pointe-de-la-Tête, avec sa mer verte, la Roche de Castelar-Zalou, Kertangnit et cette adorable Plage au Gue#1, oeuvre toute blonde et émeraude, d’une sensibilité frémissante et cependant apaisée, tous ces paysages sont nettement, indiscutablement bretons, hantés de cc fève doux particulier à l’Armorique tandis que Les Marais, Le Grand Tilleul (que VICTOR GILSOUL VIEILLES MAISONS HOLLANDAISES (GRAVURE EN COULEURS) t33 nous reproduisons ici), Le Champ de Coquelicots, l’Effet de mistral sur !Trang sont des visions pro-vençales, exclusive-ment et savoureuse-ment provençales. Si j’aime moins ses figures, j’estime ce-pendant qu’il faut que l’artiste s’obstine dans cette voie, mal-gré les premières dif-cuités. Car, à suppo-ser qu’il s’en fatigue et revienne définiti-vement à ses sujets de prédilection, ces études lui auront été précieuses, par ce qu’elles lui auront donné d’ap-profondissement, d’analyse et de délicatesse. D’ailleurs, je ne pense pas que ce soit le cas, son Torse de Femme est mieux qu’une promesse; il y a là quelque chose d’amoureux, de velouté, de tendre qui marque une véritable évolution de la sensibilité, une indication pour un avenir d’artiste. Quant à ses natures-mortes, je n’en parlerai que pour dire combien elles sont égales à elles-mêmes: volumineuses, succulentes, gourmandes, pleines de joie. EXPOSITION RODOLFE QUITFNER (Galeries Georges Petit, 8, rue de Sée). — Les paysages de Bohême,