L’ART DÉCORATIF du public, dans une certaine mesure, un style français, que la manufacture des Gobelins précisait autrefois en fabriquant à la fois des meubles et des tapisseries. Ce qui manque aujourd’hui à nos artisans, ce n’est pas le talent ni le goût, mais l’encouragement puissant et matériel que l’Etat, ou une industrie considérable peuvent lui donner, et que l’exposition de 1915 déterminera peut-être d’une manière définitive. Le style, c’est la com-mande! c’est elle qui permet d’affirmer un goût, une tendance. Un nouvel élan, dès lors, était donné à l’art des aménagements, et la Restauration continuera ce que l’Empire avait si bien inauguré. Après Percier, ce fut Brongniart, l’architecte du Ministère des Af- faires étrangères, de l’Ecole militaire, et de la Bourse de Paris. Non content de donner à la manufacture de Sèvres, que dirigeait son fils Alexandre, de nombreuses esquisses, il fournit, en 1808, à la Sa-vonnerie, des modèles pour dessus de banquettes. Voilà donc un architecte considérable, qui ne dé-daignait pas de dessiner un dessus de banquette! Après Brongniart, qui mourut en 1813, on fit appel surtout à deux artistes, dont les œuvres, reproduites parmi les 48 planches de l’album de M. Dumonthier, s’échelonnent de 1808 à 1825. Saint-Ange, élève de Percier et de Brongniart, naquit à Paris le 3o avril 1780, débuta comme dessinateur à la manufacture de Sevres, en 1806 et 1807. Nominé, en 1808, sous-inspecteur des tra-vaux de la Bourse de Paris, il devient, à partir de 181o, dessinateur du Mobilier impérial ; ses com-positions lui sont payées de tin à 300 frottes, et le peintre Dubois, qui en fait les maquettes, gran-deur d’exécution, touche pour chacune d’elles de 2.100 à 3.000 francs. Le 22 Mars 1816, le gouver-nement de Louis XVIII nomme Saint-Ange dessi-nateur du Mobilier de la Couronne, au traitement annuel de 60o francs. Le tapis exécuté pour la Salle dan Conseil dan roi, à Versailles, et exposé en 1819, lui vaut enfin le titre recherché de Dessinateur breveté de S. A. R. Monseigneur le comte d’Artois. Jean-Démosthène Dugoure, fils du a contrôleur de bouche n du duc d’Orléans, naquit à Versailles en 1749, fit ses études chez les Oratoriens de Juillv, fit un voyage à Rome, revint à Paris à la mort à son père, quitta vers 1776-1777 ses occupations d’art pour les questions militaires, collaborant avec l’ingénieur Vaguette de Grébauval à la réforme de l’artillerie, mais reprit en 1780 sa vie d’artiste, obtint alors le titre de dessinateur du Cabinet de Monsieur, restaura pour une partie les châteaux de Maisons et de Bagatelle, composa des décors pour les théâtres de Stockholm et de Saint-Pétersbourg, et fournit de nombreux modèles à l’industrie privée, 131 L. SAINT-ANGE DESSIN Won TAPIS POUR LE CHŒUR DE L’EGLISE DE NOTRE-DAME DE PARIS à Gouthière, à Camille Pernon, fabricant de soieries à Lyon, au banquier Laborde, au trésorier Saint-