L’ART ET LES ARTISTES Londres Kensington Museum ANTOINE ET LOUIS LE NAIN — PAYSAGE AVEC FIGURES siens le harcèlent, parmi eux M. de Chantelou, surintendant des Bâtiments du roi, avec qui il se lie d’étroite amitié et qui le fait appeler par le roi. Poussin résiste et est long à se décider. Il vient enfin à Paris à la fin de 164o et y est reçu par Richelieu et par Louis XIII avec une vive considé-ration, de grands honneurs, la place de premier peintre ordinaire, chargé du contrôle de tous les travaux de décoration et de beaux avantages maté-riels. Mais Poussin a à lutter contre la cabale des partisans de Simon Vouet; il n’est pas fait pour ce rôle public; il est et veut rester un grand solitaire. Deux ans après il trouve un prétexte pour retourner à Rome et ne revint plus. Sa vie s’acheva paisible-ment dans un travail continu, mais au milieu d’infirmités qui la rendirent très pénible ; il les supportait avec ce stoïcisme qu’il tenait de son carac-tère et qu’il admirait dans l’antiquité. Sa n bonne femme » si dévouée étant morte, il ne lui survécut pas plus d’un an et mourut à Rome, où il est ense-veli, le 19 novembre 1665, entouré de l’universelle admiration pour son oeuvre et de l’unanime consi-dération pour la dignité de sa vie et la hauteur de son caractère. Les plus beaux ouvrages de Poussin se trouvent dans les galeries de Dresde, L’Empire de Flore; de Berlin, :Jupiter nourri par la chèvre Amalthée; de Londres, Bacchanale; de Munich, Bacchus et Mi-das; Dullwich, Renaud et Armide; de l’Ermitage à .Saint-Pétersbourg, Polyphème; de Madrid, Le Par-nasse, etc., etc. Le Louvre possède de ce maître une quarantaine de toiles dans lesquelles son inspiration se développe sous toutes ses formes, antique ou chrétienne, figures ou paysages Le Triomphe de Flore; Bacchanale; Narcisse; Les Bergers d’Arcadie; Le Déluge; L’Automne, et enfin cette adorable pein-ture, oeuvre de fraîcheur et de charme, d’une im-portance rare comme dimensions L’Inspiration du Poète, acquise tout récemment. * * * Claude Gellée, dit Le Lorrain, est l’autre initia-teur principal de cette école; il est le précurseur du paysage moderne, compris dans son caractère indi-viduel et sous son point de vue objectif. Il a le premier offert, d’une façon continue et consciente, ce sentiment des harmonies générales de la nature, de « l’ensemble », en môme temps qu’il a résolu les problèmes de la lumière avec tant d’autorité 122