L’ART ET LES ARTISTES NICOLAS POUSSIN logé au Louvre, chargé d’innombrables décorations pour les châteaux de Versailles, de Saint-Germain ou pour les palais du Louvre ou du Luxembourg. Il fit plusieurs portraits de Louis XIII et donna même à ce souverain des leçons de pastel. Simon Vouet inaugura donc la série moderne des maîtres de notre école. Son talent de décorateur souple, brillant et facile, répandu à profusion dans tous les palais, les églises et les couvents de Paris, exerça une influence très marquée sur le mouve-ment contemporain. Il eut autour de lui, pour le seconder dans sa tâche, nombre d’élèves, parmi lesquels ses frères et ses gendres et des artistes qui allaient, plus tard, s’illustrer à leur tour, Charles Le Brun, E. Le Sueur et Mignard. Le Louvre pos-sède de lui une douzaine d’ouvrages parmi lesquels on remarque Le Portrait de Louis XIII, La Victoire, La Chaste Signale, L’Elognence. Il s’est pas de mu-sée de province qui ne possède quelque œuvre de ce maitre habile, facile et fécond. Mais il allait bientôt avoir un rival dont la gloire devait, plus tard, faire pâlir la sienne. C’est le grand — (114415) maître français par excellence, celui qui résume en lui toutes les vertus de la race, la gravité, la pro-bité, l’esprit d’ordre et de mesure, une contempla-tion profonde et réfléchie de la nature et une ima-gination disciplinée par la raison et fécondée par la pensée Nicolas Poussin. Il est de ces grands guides vers lesquels on se retourne sans cesse. Tous nos maîtres, les plus divers de tempérament et à toutes les générations, se sont appuyés sur lui avec la même foi qu’il montra lui-même envers Raphaël ou l’antiquité. Son art sérieux, où la volupté païenne se revêt d’une certaine gravité un peu triste et d’une sérénité réfléchie, est celui d’un peintre qui est aussi un penseur, sans que l’idée l’ait jamais em-porté sur la forme, mais aussi sans que de la forme n’émanât point quelque philosophie secrète. Nicolas Poussin naquit le 15 juin 1594 au hameau de Villers, tout proche du Grand-Andely, dans une modeste chaumière, fils d’un ancien sol-dat retraité qui avait épousé la veuve d’un procu-reur. Il avait, de ce premier lit, une demi-sœur plus âgée que lui de onze ans. Nature studieuse et contemplative, il se plaisait, dès l’enfance, à la lecture et surtout aux récits de l’antiquité. Il dessina sans doute de bonne heure car, à la venue du peintre 120