L’ART ET LES ARTISTES SIMON Vr )L. LL nufactures royales, Académie royale avec son ensei-gnement et ses expositions périodiques; Académie de France à Rome, etc. Au point de vue particulier, les conditions d’existence des artistes sont singulièrement rele-vées. Jadis, l’artiste qui bénéficiait de la faveur d’un prince était élevé au-dessus de sa classe, hors des hiérarchies corporatives, par un titre valet de chambre ou valet de la garde-robe, qui l’attachait à la personne de son protecteur. La fondation de l’Académie, encouragée par les souverains et leurs grands ministres, rompit le lien avec les corpora-tions et brisa les privilèges et monopoles de la maîtrise. Ce fut l’oeuvre plus particulière de Or. Le Brun au milieu du siècle. Les artistes furent bientôt une classe sociale à part; ainsi que les gens de Lettres, ils conservent certaines servitudes près des grands, mais ils sont admis auprès d’eux et dans leur faMiliarité. Ils forment comme une sorte de bourgeoisie, de plus en plus instruite, en contact avec toutes les activités, toutes les intelligences et toutes les hautes situations du pays. Bientôt, quand l’Académie sera fondée, elfe établira des conférences lues par les plus illustres d’entre elle, conférences qui marquent leurs préoccupations sur les nécessités les plus élevées de leur art, tant au I A COASTE SUZANNE point de vue de l’inspiration que de la pratique, en se plaçant sous tous les aspects envisagés par la cri-tique moderne î esthétique, philosophie, morale, technique, pédagogie. On y voit naitre les pre-mières discussions qui dégénéreront plus tard en querelles passionnées sur l’observation de la nature ou l’imitation des maîtres, la prééminence du des-sin ou de la couleur, etc. L’art a perdu, sans doute, son accent primesau-tier, individuel, local et populaire. Il est fortement organisé, centralisé, discipliné. Il y a moins d’in-dividualités originales, mais il y a une Ecole et on ne peut contester qu’elle ait de la force, de la science, de la tenue et du style, à l’heure même où les maîtres italiens qui lui servaient de modèles se laissaient entraîner dans la rhétorique et l’acadé-misme d’une part ou les exagérations d’un réalisme maniéré de l’autre, et il faut reconnaître que, si elle ne répond pas à la mentalité intime du peuple, elle correspond à l’état moral, social, philosophique et mime théologique des hautes classes qui vont, pendant deux siècles encore, représenter la nation. Les influences qui s’exercent sur la direction de cette école sont toujours celles d’Italie, principale-ment du côté des trop habiles praticiens de Bo-logne, mais, bientôt, va se produire pour contre-1S