LA PEINTURE FRANÇAISE xvc sikefe LA fin du siècle dernier a mis la France en con-tact immédiat avec l’Italie. Les campagnes de Charles VIII, de Louis XII et de François joue-ront, pour l’art français, le rôle de nouvelles croi-sades. Il semble qu’on oublie, chaque fois, les revers et les défaites, pour ne garder que le souve-nir des enchantements de ce pays où l’art éclot chaque jour en un prodige continu. L’influence des écoles italiennes va prédominer sur toutes celles de l’Europe. L’école française, qui paie d’abord à l’Italie un tribut discret, subira de jour en jour plus fortement son action jusqu’au siècle suivant. Au début nous trouvons les grandes figures en-core bien françaises de Bourdichon et de Jean Perréal qui se rattachent au grand passé national, l’auteur anonyme de l’exquis tableau du musée d’Avignon : L’Enfant Jésus adoré par la Vierge, un Chevalier et mi Evilque; l’auteur du pathétique Cru-cifiement du Palais de Justice de Rouen et quelques autres inconnus qui restent fidèles à la tradition locale, tout en se modifiant au milieu de l’atmo-sphère nouvelle. L’un de ceux qui ont eu le plus de réputation dans son temps est Jean Bellegambe, de Douai, né vers 1470, mort vers 1535, dont le Louvre possède un Saint Adrien, mais dont les oeuvres les plus célèbres se trouvent au musée de Douai (Pofilffique d’Anchin, en cinq panneaux, plus quatre panneaux formant le revers), l’Imma-culée Conception du méme musée et la Fontaine san-glante, du musée de Lille. C’est un art composé d’un singulier mélange ou plutôt de singulières juxtapositions de l’esprit gothique et de l’esprit italien, amalgame incomplet de mysticisme et d’al-légorie, associations de figures nouveau style dans des architectures compliquées du passé. Mais on comprend que ces maîtres attardés n’aient plus suffi au dilettantisme éclairé des sou-verains et des princes qui dirigent le goût. A la suite de, expéditions d’Italie, des appels directs sont faits à ce pays qui nous avait déjà envoyé nombre d’artistes. 011 avait vu venir Benedetto Ghirlandajo; on vit venir Andrea Solario, appelé par le cardinal d’Amboise pour décorer son château de Gaillon; puis Bartolommeo Guetti. Mais on voulait plus haut encore, on s’adressa arts plus grands à Léo-nard de Vinci qui vint mourir en France; ensuite à Andrea del Sarto. Enfin, plus tard, se produisit une troisième et dernière invasion italienne qui, celle-ci, exerça une action certaine sur l’école fran-çaise. Le Rosso est appelé par François i’ en 153o, pour décorer son château de Fontainebleau, et son grand rival, le Primatice, est engagé l’année sui-vante et va jouer un rôle considérable dans l’orga-Meroée deo Iner,. JEAN COUSIN LA DIANE DE L’ECOLE DE FONTAINEBLEAU nisation des arts au temps de François l’un mourut en 1341, l’autre en 1570. Le plus célèbre de nos premiers italianisants est Jean Cousin, né à Soucy, près de Sens, en t5oo et qui serait mort en 1589. Mais ces deux dates sont conjecturales. Comme tous les maîtres de son temps, il semble avoir exercé tous les divers modes des arts : architecture, peinture, peinture en vitrail, gravure, sculpture. Il fut mètne géomètre et écri-vain, car il a laissé un livre sur : la Vraie Science de la Pourtraiclure, au titre duquel il se qualifie de peintre et de îî géométrian très excellent n. Il a laissé cinq eaux-fortes signées et quelques rares oeuvres authentiques. L’une est une peinture allé-gorique dans le goût de la Renaissance italienne Eva prima Pandora, trouvée dans la maison qu’il occupait, qui appartient à une collection privée; et le Jugement dernier, du Louvre, peinture à grand spectacle, dans un sentiment michelangesque très affaibli, remarquable toutefois par l’ordre de la composition au milieu de cette foule (le figures agitées, l’aspect d’ensetnble de ce tumulte, de ce dé-sarroi de l’humanité, au milieu du paysage étrange et grandiose de temples, de gouffres et de ruines et dans une clarté fantastique. On lui attribue avec Deuxiénie article de « La Peinture Française »