LES DESSINS DE HANS HOLBEIN AU MUSÉE DE BALE main recroquevillée du Christ mort, ou la lente souffrance de sa femme aux yeux brûlés de larmes, de sa femme estimable et médiocre qu’il délaissa. Le dessin a été l’idole de cet homme, il n’a vécu que pour lui, et à ses yeux insatiables tout, con-flits de croyances, rang social, amour, convulsions des peuples ou angoisses des coeurs, tout était fait pour aboutir à un dessin. Cc calme a quelque chose d’infiniment trou-blant il attire comme le néant. Holbein a souvent dessiné la mort, il lui céda jeune, il ne la craignait pas. Il l’admettait, en 5011 imagination et son art, Holbein, sans sa passion, n’eût attendu aucun bonheur, ni de la courte débauche de sa jeunesse, ni de sa femme, ni de l’argent tard venu, ni des grands dont il perçait les masques, ni d’une vie encombrée de soucis mesquins et vite fauchée par la peste affreuse loin du pays natal, ni de la foi galvaudée dans les querelles dogmatiques ses mains et ses yeux firent toute sa joie sur la terre. Jamais trahi par soi-même, doté dès le début du don de tout rendre, malgré tant de diversions il sut être, en une époque où l’homme en marche vers la liberté prétendait devenir la commune PORTRAIT D’UN JEUNE HOMME avec cette familiarité résolue du réaliste né en un moment de crise religieuse et d’éveil méthodique du scepticisme, en un siècle déterminé à n’accepter que la vérité, fût-ce au pris de tout bonheur pos-sible. La Danse des Morts n’est pas seulement le témoignage farouche d’un mépris sarcastique des hiérarchies, heureux de courber toutes les têtes sous la même faux et de jeter aux puissants, avec la permission que confère l’humilité religieuse, la menace de ce peuple d’où Holbein était sorti ; au delà de cette haine et de cette dérision rancunière, il y a le sentiment de la grande vanité de la vie dès qu’une passion ne lui donne point de sens. mesure de toutes choses, le peintre définitif de l’homme, en suggérer la pensée à travers la chair, chercher et trouver moins la beauté formelle que le profond caractère de visages âprement modelés par la vie. synthétisant les idées et les races, et s’immortaliser en leurs images qui s’offrent à nous, immodifiables, comme des cadrans oit une heure de l’éternité fut à jamais arrètée. Les dessins et les esquisses de Bâle nous mon-trent les outillages de l’ouvrier admirable et com-ment, exact, scrupuleux et naïf, il changeait tout en beauté, trouvant jusque dans le dessin d’un masca-ron, d’une bestiole, d’une ribaude, aussi bien que