L’A RI’ Cr. LES ARTISTES furie de pesants relues maniant l’épée à deux mains, ou s’il s’amuse à définir avec une élégance et une fermeté surprenantes les cinq figures de dames empanachées et attifées que garde le musée, on sent bien que, partout et toujours, le seul sujet est, pour Holbein établi peintre et ne discutant point les commandes, sa passion de l’expression par le dessin. C’est bien là la donnée essentielle que nous fournira le musée. Assurément, son génie fut celui du portrait, et il n’en put faire uniquement qu’eu Angleterre; sa l’exception des esquisses de portraits, ses plus beaux témoignages, mais ce sont les plus tou-chants, car ils nous font deviner les tristesses humaines de ce grand impersonnel volontairement dérobé derrière sa perfection. S’il n’avait pas eu cet immense amour des res-sources de son art et cette joie à les exercer sur n’importe quel thème proposé par d’épais clients, combien l’homme, capable de peindre l’Erasme ou le George Gis;e n’eût-il pas soufi-en d’étre réduit : composer des armoiries ou des frises de cabaret ! PORTE MT D’UNE Daine ANGLAISE jeunesse besogneuse fut triste, les nécessités l’en-gagèrent à se dépenser en menus travaux, à se vouloir peintre d’allégories ou de saintetés, et il mourut jeune, n’ayant pu que sur le tard unifier librement ses désirs d’artiste attaché capitalement au portrait psychologique. Mais il était, comme Hokusai, « fou de dessin, n et tout lui était bon ; et cc point de vue du bon ouvrier, savoir faire tout ce que comporte la professions, qui nous semble souvent si étroit, agaçant et un peu infé-rieur, a pourtant soutenu son courage et sauve-gardé sa nature. Tous ces dessins ne sont pas, à Mais, avec une admirable simplicité fftime, dès qu’il dessinait il était heureux. Il faut voir avec quel scrupule, quelle saveur, quelle passion de la ligne il définit les atours des élégantes Bâloises et drape les plis de leurs robes sur des ventres bom-bés, selon la mode, par une grossesse factice! Il n’en a pas apporté davantage à modeler le masque ardent d’Amerbach, à préciser la finesse matoise d’Erasme, à nous révéler la loyauté croyante de Jacques Meyer, le charme souffreteux d’Anna Meyer, la gravité froide de l’astronome Kratzer, la luxure féroce de Henri VIII, ou l’effrayante 110