L’ART ET LES ARTISTES se plurent voiler sans les détruire. Les fouilles et les res-taurations nombreuses qui passionnent les directeurs de ces services publics, les théoriciens, les critiques et les artistes, sont en pleine et intelligente activité depuis quelques années. Des polémiques éclatent assez souvent dans la presse, à pro-pos d’un détail qui tés rencontré autrefois l’indifférence générale, et que les préposés aux restaurations, ignorants et aveugles, eussent traité avec le plus complet sans-gène. Les erreurs que l’on commet aujourd’hui ont au moins l’excuse qu’elles sont imposées en quelque sorte par l’opinion publique, qu’elles sont accomplies coeur » populo. Elles n’en sont pas moins lourdes et fréquentes. Mais une volonté nouvelle est à remarquer, celle de faire bien, celle de s’approcher des œuvres d’art avec le plus grand respect qu’imposent les pos-tulats les plus élémentaires de la culture historico-critique. L’Italie est peuplée ainsi d’ Ji hommes qui se souviennent Ma ruinant d’initiative intéressante, d’une véritable énergie marque tanise, créatrice, dans le concert des autres nations qui arquent d’un trait et d’un 110111 les étapes de l’art COntem-porain, l’Italie, tout en s’efforçant de monter ou de se tenir aU niveau général de l’évolution artistique, se souvient i■ avec un si grand enthousiasme, que le résultat de ses labeurs, d.sce sens, est soent fort heureux. Et pour une mosaïqueadmirable, découveruvte dans une église romaine, on peut oublier pendant quelque temps l’horreur écrasante et impar-donnable du fameux monument ,r Victor-Emmanuel, à Rome, et Pintera plutôt lamentable présenté par l’exhibition-marche de l’art italien contemporain, aVenise. Venise. ORI — La Salle Théodore Ralli ri la Pinacothèque d’Athènes. — En annonçant cette place, il y a quelques mois, la mort survenue à Lausanne de Théodore Ralli, je faisais part aux lecteurs de /.’Art et Ire Artistes des dernières volontés du peintre, un des représentants les plus glorieux de la peinture grecque moderne, un des promoteurs les plus actifs de la renaissance artistique hellène, un artiste très primesautier dont l’oeuvre honore autant la Grèce, son pays d’origine, que la France, son pays d’adoption. Par testament olographe, le défunt léguait au Musée de peinture d’Athènes, tous ses tableaux et dessins ayant un caractère grec qui, é sa mon, se trouvaient dans son atelier de la rue AuniOnt-Thieville. Une seule exception était faite en faveur du Musée du Luxembourg auquel, par le métre testament, l’artiste léguait une de ses toiles, au choix du conservateur du Musée français. Respectueusement obéissante, la famille du peintre, qui habite Paris, s’empressa d’accéder à ces volontés supréntes dictées, sans doute, par le désir prévoyant d’enspècher l’éparpillement forcé — comme cela arrive dans les succes-sions — de toiles ayant chacune une valeur propre,mais for-mant en leur ensemble une série précieuse parce que unique. Aprés que le conservateur du Musée du Luxembourg cils jetéson dévolu sur Les Rabbins,une toile magistrale é laquelle je nie réserve de consacrer une de tues prochaines chroniques, toutes les toiles grecques et lus études d, sujets hellènes furent envoyées à Athènes. J’étais présent é l’emballage de ces tableaux fait par les soins du gendre de l’artiste, M. N. Politis, un des professeurs les plus estimés de la Faculté de Paris, qu’assistait dans la pieuse hiche la fille du peintre, hi,’ Politis. En recevant ce legs artistique composé de quinze toiles et de quarante-deux dessins, Athènes, en un élan de recon-naissance, louable autant que compréhensible, a voulu per-L’octivre sacque, découverte eu l’église de Santa-Maria-in-Aracocli, damote du xlvï siècle, est de facture romaine et est attribuée à un des derniers et des plus féconds artistes de cette singulière famille d’inventeurs d’art que l’on sonnait sous le nom de Costuates. Jean de Cosme aurait exécuté tette œuvre très belle pour la chapelle de la famille Colonna, en l’église franciscaine d’Aracœli, vers 1328. I, beauté de Pauvre est dans la force pathétique des figures des saints qui recommandent la byzantine Madone triomphal., assise avec l’Enfant Sur Ull trône que glorifie le fond d’or, un homme agenouillé, habillé en sénateur romain, et qui représente, selon toute probabilité,un Jean Colonna. Le contraste des expressions humaines et divines, la mélancolie suave ou douloureuse des saints protecteurs et de leurs protégés; et la sérénité suprétue de la divinité assise, est le caractère essentiel de l’art d’affir-mation Chrétienne qui Stlivit l’éclosionbyuntine, précédant le pathétique impétueux de l’idéo-réalisme de la première a véritable renaissance. Ce caractère est toujours saisissant et très puissant dans cet émouvant art de la mosaïque œuvrée dans les dernières Ji boutiques » des ouvriers de génie qui ornèrent les églises de Rome jusqu’à la lin du xœt siècle. Et c’est dans cet art qu’il faut chercher les attaches tradi-tionnelles, encore impures, il faut le reconnaitre, de nos peintres nouveaux, qui cherchent dans une rude harmonie des plans et dans la vigueur des traits essentiels et pathé-tiques, de quoi remplacer l’analyse académique du des5in et les valeurs juxtaposées. R. CAN1:00. ENT pétuer la mémoire du peintre. A l’heure où paraitront cos lignes, les oeuvres de l’artiste seront exposées à la Pinaco-thèque d’Athènes, dans une salle spéciale dénommée à l’avenir t■ Salle Théodore Ralli. J> Sans m’attarder aux quarante-deux dessins, — études d’intérieurs, de paysages et de types, ayant pour la plupart servi au maitre pour la composition de différents tableaux, — voici la liste complète des toiles qui figureront à cette exposition I. Périrait de l’Artiste par hl — II. Le Prisonnier. —III. Buste de Femme grecque. — IV. Danseuse grecque. —V. L’Encens. — VI. La première Gifle. — VII. La Veuve. — VIII. Berge, a repos. — IX. Berge, entlortn.. — X. Bergère au Bois.u — XI. Femme entrant ri tEglise. —XII. Allumeuse de Cierges. — XIII. Blanchisseuse. — XIV. Me de Bergère. —NV. .4 la huitaine du Monastère. Je n’entreprendrai pas, a cette place, la description de ces œuvres dont j’ai fait reproduire quelques-unes dans ma monographie sur Athènes, publiée, il n’y a pas longtemps, par le Figaro /ffusfré. Tels des tableaux, connue A rd Ftinittœr du Monastère, l’Encens, la •Veen, Danseuse grecque, la Preenie• Gin et Prisonnier, sont de pures merveilles. Sobrement dessinés, largement peints, ils synthétisent la manière du peintre qui s’était fait une spécialité de fixer sur la toile les maniRsta-sinus multiples de la vie grecque et qui avait réussi à diffuser ln peu partout, de par le monde, les toiles d’un genre qui ui était essentiellement propre. Quelque soit le sujet traité, cette maniere se reconnait immédiatement à l’éclat lumineux trés spécial qui forme le fond et aux jeux d’ombres et de lutuiére, produits par la clarté d’un ciel d’Orient répandant à flots sur les titres et les choses ses rayons de soleil. L’effet obtenu est d’autant plus 142