L’ART ET LES ARTISTES signalé les réformes introduites dans le sesterce de vote pour la médaille d’honneur, qui attribuaient un certains nombre de voix aux titulaires de medailles, puis aux expo-sants en général, aux délégués des diverses écoles ou acadé-mies, voire mérne aux visiteurs les plus assidus. Le scrutin a décerné, a une forte majorité, le récompense supréme à M. Munoz-Degrain, ce vétéran de le peinture, auteur de « grands morceaux in restés célèbres. Les Amants de ‘Ilion!, La Conversion de 12e,,,do, etc. En tant qu’hommage à une longue et laborieuse carrière vouée é l’art, cet honneur était légitime; mais il faut bien dire que les quatre oeuvres actuelles de NIttnoz-Degrain, Le Jou Glaneuses de p ri. chu, Psi, en Tibériade, et animons SOS gigantesque épisode du Caporal A:oral (le d’Assas espagnol de la guerre du Rit), d’un dessin et d’une couleur également douteux, n’ajoutent ri. à sa gloire et ne justifient guere les éloges dithyram-biques de la critique madrilène. Ce que l’on a le plus discuté, c’est l’attribution des mé-dailles d’or. La première, celle de M. Lope, ôlezquita, a tou-tefois reçu l’approbation unanime on pourrait seulement reprocher an iury de l’avoir décernée à son Portrait de la Famille Be’mejilla, rempli de qualités, mais d’une facture un peu influencée par l’Ecole anglaise, plutôt qu’a son remarquable Etsfidorits, scène de meurs gitanes (danses autour du cercueil d’un enfant mort bas age) qui. par l’originalité du sujet COSIMQ par la sincérité adroite de la composition, le jets des lumières et des ombres, la richesse du coloris et le brio fougueux de la figure de la Ba i ladora , méritait bien, non seulement ceste récompense, mais la mé-daille d’honneur du Salon. Il est probable que le public parisien pourra voir au printemps prochain cette belle œuvre dont on doit regretter seulement que la,a qualité un peu bitu-mineuse de la couleur nsployée par M. Mezquita diminue légèrement l’effet. Parc ontre, de vives protestations ont saluéealué les autres médailles d’honneur Le Tenue blessé, de M. Carlos l’asque, l’auteur des Movos d« Escu Ara, fort appréciés naguère au Salon de Paris, niais qui n’a fait, cette fois, qu’un joli chrono; Asvni la Classe, de Si. Ramla° lb:lisez, aussi trivial de facture et ale groupement que de ecouleur, comme ses deux autres portraits; enfin aga ilue t Médore, de M. Santa Maria, pastiche habile, niais sans personnalité, de l’école.. vénitienne, suivant le métier ordi-naire de ce peintre. Mais ce qui a provoquéune réclama-tion signée par une élite d’artistes et surtout d’écrivains à l’adresse duministre des Beaux-Arts et des manifestations tumultueuses en pleine Exposition, dont un ales tableaux incriminés a même quelque peu pâti, c’est la décision du jury de supprimer la cinquième médaille d’or prévue par le règle-ment, au lieu d’en gratifier Le Retable de P A mon e-, de M. ‘tomer° de Torres. Il s’agit là, en effet, d’une question ou sont en jets les tendances menses de la jeune. Ecole de peinture espagnole. A la querelle entre r zuloaguisles st et sorollistes» a succédé maintenant un prurit d’archaïsme qui porte les néophytes à det»ander leur inspiration, non plus à ces chefs de file contemporains, mais aux mitres d’antan. C’est ainsi qu’on peut voir au Salon actuel des pastiches de Goya dans les portraitsde lignmesde MM. Lopee de Ayala et Manuel del Palacio (celui-ci, du reste, plein de talent); de Zurbaran, dans les Re/tg/eux de M. Covarsi; du Greco, dans les Visions F■11111151iIII, de M. Corredoira ; de l’école vénitienne, chez M. Santa Maria, déjà nommé; de Botticelli, dans la Danse, ale M. Miguel Nieto, enfindes primitifs dans le curieux trips.. Mes Fu en,r a illes, de M. Viladricls, dont l’étrange consception ne doit pas faire méconnaitre la puissante vérité des figures. Bref, un véri-table musée rétrospectif. Il est certain que ce courant d’imi• talon, parfois trop servile, dus martres anciens, risque de compromettras la personnalité des jeunes artistes espagnols, et ses adversaires s’en prennent à M. Julie lionscro de Torres d’avoir donné l’exemple à tous ces archaïsants. Sans vouloir discuter cette influence, bonne Os mauvaise, on doit apprécier chez lui, personnellement, uneenvergure, aies qualités originales, qui interdisent de le considérer connue un shnple copiste des primitifs. Il leur emprunte ‘aspect général de ses œuvres, leur tonalité, la construction des ligures, parfois le dispositif extérieur, comme dans le retable en question, en un mot, leurs procédés techniques;ais il soittt les Mere SerViCV intense spiritualité toute moderne, qui se reflète dans les yeux profonds de ses femmes ut se dégage de leurs morbides ssdites; sa maniere de traiter si la façon des draperies ou des fonds antiques la antille, le cisèle et la cape espagnoles et le décor des patios andalous ne manque pas de charme. On lui a reproché de peindre noir sous le soleil de Cordoue, et ce reproche est assez justifié par la couleur vniment trop sombre de ses derniers envois; mais on ne saurait lui l’aire un grief de s’attacher à rendre ainsi le caractére de poétique mélancolie qui alterne,. réalité, avec les aspre ts riants desa contrée natale. Bref, é y a dans ses œuvres bien autre chose que dues lesquels elles voisinent, et son Retable de l’Amour’ ou son Angélés y Fuénsa n ta méritaient la médaille, à coup sûr mieux que cer-tains des tableaux qui l’ont obtenue, bien que lui-mente n’ait pas atteint, cette fois, au niveau de sa troublante M use Gitane d’il y a deux ans, qui figure ait Musée Moderne. Mais le règlement n’a pas permis att ministre de faire droit aux pétitions qui réclamaient pour lui cette médaille par décret. Parmi les autres œuvres intéressantes ou estimables, signalons, au cours d’une revue rapide Les Paysans basques et les portraits de Valentin et Ranson Zubiaurre, qui savent pratique r .ISsi une sorte d’archaïsme sincère et original; les scènes et types C11:1111pareS de Hermoso, d’une expres-sion si naturelle et d’une facture sieuse, mais d’une tonalité un peu froide; Les Vieillesconscienci Femmes, de Marin Bagues et de Benitez Menado; les paysages vibrants et papillotants de Mir, Les Jardins, de Genre, Mir et Bou.; les envois divers d’Erg.; la Tale d’Homme, de I luidobro; le portrait et la Hie de San L’ugrnio, de Medina liera, dont le fond est supérieur au premier plan; les Bretons, de Zaragoza, meilleurs que ses portraits féminins; la cari-caturale Promenade dr Sois Emineme, de Sancho ; la Vue de Cordoue, de Euripe Romero de Torres; A Pleine V ie, de Pinazo Martinet, d’un coloris superbe et d’une composition harmonieuse, la Tauromachie, trop grande, de Roberto Do-mingo, le Jour de Foe, de Valencien de Morena, enfin des œuvres d’Alberti, Barr., etc., pour ne pus en les marines trop répétées de Nlartinez Abades, la froide et hiéranque Tenta ion sur la M011i(101, de Rodriguez Scoute, qui s’est dévoyé, et les exagérations impressionnistes de Dario de Régoyos, moins heureux dans ses vues de monu-ments que dans ses paVSageS. Dans la gravure, d’un bon ni.au, les eaux-fortes de Baroja, de Labrada et de Ferrer. Dans la sculpture, plutôt médiocre, les œuvres ale Beni-Hure, Joaquin Bilbao, Oslé, l’errant, Villodas. Le projet de monument à Becque r, de Couillaut-Valéra, serait assez bien collets, si les draperies n’étaient trop lourdes. De la sections d’architecture, mieux vaut ne rien dire. Le nouveau local de l’Exposition, ancien musée d’Ultra-r, pour la peinture, et Palais de Cristal pour la sculpture, dans le pare dtn Retiro, quoique mieux situé et aménagé que le Palais de l’Industrie, qui abrita les Salons précédents, laisse encore à désirer, au point de vue de l’éclairage. J. CAUSSE. 140