L’ART ET LES ARTISTES charmante d’esquisses exposées au Mus& des Avis décorants où la danseuse et le danseur (l’homme et la femme) se rencontrent, se plaisent, se lutinent, s’aiment, se quittent, se reprennent, s’abandonnent dans des décors chaque fois nouveaux et toujours champêtres, dans des éclairages divers, dont quel-ques-uns délicieux, selon des changements de saisons et d’heures subtilement appropriées aux senlimenis de chaque tableau. Une superposition des différents états de chacun des panneaux de cette suite permet de se rendre compte de l’évolu-tion de l’inspiration, de sa première lueur à son achèvement : esquisses sur papier, esquisse peintes, fusains, petits panneaux. Enfin, pour quatre figures, M. Re-nouard a tenté l’agran-dissement décoratif des-tiné à donner l’idée des dimensions de la tapisse-rie éventuelle. Et, en effet, ces scènes turbu-lentes et jolies dont le classicisme suranné d’o-péra est vivifié par l’inter-prétation libre, intelli-gente et endiablée d’un artiste et d’un observateur du mouvement apparais-sent au plus haut point dignes d’étre traitées en tapisseries sur les murs de quelque belle galerie, de quelque suite tic saloirs. C’est en voyant la peinture de M. Renouard que l’on comprend la qualité de son oeuvre d’il-lustrateur — ce qui la sépare de celle de la ma-jorité de ses confrères, secs et froids. Cette peinture est toute en mouve-ments. Pas même une esquisse de points, pas même le plus vague repère de lignes n’a été jeté sur la toile ; c’est peint directement : chaque touche de couleur se limite à sa propre dimension dont les bords la cernent, et, à deux pas, cela apparait nettement établi et d’une extrême justesse de plans. Quant aux dessins eux-mêmes, ils constituent une œuvre énorme et suffiraient à la gloire d’un artiste. C’est une prodigieuse collection de notes, un répertoire indéfini de gestes et d’attitudes. M. Renouard observe avec une inlassable passion, et il ‘vud avec une impartiale justesse. Le mouve-ment seul l’occupe. C’est par le mouvement qu’il obtient tout le reste, tout, et jusqu’à une certaine ironie qui provient de la disproportion du geste observé et du motif moral de ce geste. Ainsi, cer-taines silhouettes d’hommes politiques; elles ne sont nullement poussées à la charge. Mais par le seul fait rie leur absolue exactitude, elles nous font saisir sur le vif toute la sottise, le cabotinage et le grotesque politiques. Aucune déformation profes-sionnelle ne lui échappe, pas plus que les gestes arrachés par l’instinct. Ses études d’animaux sont extraordinaires rie vérité et de verve. On en demeure surpris. Cette justesse cons-tante, qui caractérise son observation, n’empéche pas NI. Renouard d’être artiste. Car, s’il ne stylise pas, il choisit. Et il choi-sit merveilleusement : la seconde précise où tous les gestes d’un être s’éq u librent et se combinent en une attitude malgré lui révélatrice. Une étrange force d’ironie secrète émane d’une in-terprétation de la vie extérieure ainsi com-orise, ainsi saisie. CAMILLE MACCLAIR — LE BUSTE (PASTEL) EXPOSITION J. DALOU , rue Royale). — C’est une œuvre très belle et très noble que celle de Dalot’. On y sent l’effort probe et sincère d’un homme qui ne fit pas de concessions et qui n’eut qu’une passion : son art. Il aime la sculpture cela se devine au moindre de ses modèles, aux gestes qu’il choisit pour les immobiliser dans l’attitude de la statuaire, à je ne sais quoi de sérieux, d’appliqué, de sévèrement contrôlé qui semble émaner d’un ensemble d’ocu-vres exposées de lui. On est rassuré : on sait qu’il n’y aura pas là une chose inutile ou conçue dans un autre but que de satisfaire un idéal de force ou d’expression. Cette impression se renforce à chaque œuvre t33